Je n’ai jamais parlé de mon travail à mes enfants. Je n’ai jamais voulu qu’ils aient honte de savoir ce que leur père faisait comme travail. À chaque fois que ma petite fille me demandait avec sa douce voix : « Papa, que fais-tu pour gagner ta vie ?». J’avais l’habitude de lui répondre : « Chère Marie, je travaille dans un bureau.» J’étais heureux qu’elle n’ait pas posé beaucoup de questions. En réalité, j’étais un ouvrier. J’avais l’habitude de nettoyer les gouttières de la ville. Chaque jour avant de rentrer à la maison, j’avais l’habitude de prendre un bain dans des douches publiques, donc ils n’avaient pas le moindre doute de ce que je faisais en réalité. Je voulais envoyer mes filles aux meilleures écoles de la ville. Je voulais qu’elles se tiennent avec dignité devant les autres élèves et parler avec fierté de la profession de leur père. Je ne voulais pas que les autres se moquent d’elles en sachant que leur père était un balayeur de rue. Je ne voulais pas que les gens les méprisent comme ils le font avec moi. Les gens ne ratent jamais l’occasion d’humilier les personnes comme moi et leurs enfants. Je m’étais donné la promesse de dépenser le moindre centime de mes gains pour mieux les instruire. Je ne m’étais jamais acheté un nouveau vêtement, je préférais dépenser de l’argent pour leur acheter des livres. Je voulais qu’elles respectent ce que je faisais pour elles parce que je donnais du mieux que je pouvais.
La veille du dernier délai pour l’inscription de ma fille à l’université, je ne pouvais pas m’arranger pour payer ses frais d’inscription, je ne pouvais pas travailler ce jour-là. Je suis resté assis à côté d’un tas d’ordures, la tête en bas, essayant de cacher mes larmes. Tous mes collègues travaillaient mais…
Tous mes collègues travaillaient mais aucun d’eux n’est venu me voir. J’avais le cœur brisé car j’étais sur le point de perdre la confiance de ma fille. Je n’avais pas la moindre idée comment faire face à ma fille qui était tellement joyeuse et surexcitée à l’idée de s’inscrire à l’université.
Je suis né pauvre et je m’attendais pas à recevoir l’aide d’aucun de mes proches. Après le travail, tous mes collègues sont venus vers moi et m’ont demandé si je les considérais comme des frères. Avant même de comprendre, ils m’ont tous donné ce qu’ils avaient gagné ce jour-là. Lorsque j’ai essayé de refusé, tout le monde m’a tenu tête en disant : « Nous mourrons de faim aujourd’hui si nécessaire mais notre fille devrait doit aller à l’université. » Je n’ai pas pu les contredire. Ce jour-là, je n’avais pas pris une douche et je suis rentré à la maison avec mes vêtements sales.
Ma fille aura bientôt son diplôme. Toutes les trois ne me laissent plus travailler. Elle a un emploi à mi-temps et toutes les trois payent les frais de scolarité. Souvent, elle m’emmène là où je travaillais et prépare à manger à tous mes collègues.
Ils rient et lui demandent : « Pourquoi tu nous prépares à manger si souvent ? », ma fille répondit : « Vous avez tous eu faim ce jour-là pour que je puisse devenir ce que je suis aujourd’hui, j’aurais aimé pouvoir vous nourrir chaque jour. »