Boire un verre d’alcool puis une tasse de thé brûlant peut sembler anodin. Pourtant, selon un expert américain, cette combinaison augmente fortement le risque de développer un cancer redouté : celui de l’œsophage.
Et ce n’est qu’une des nombreuses habitudes du quotidien qui, sans le savoir, nous exposent davantage à la maladie. Le Dr Mikkael A. Sekeres, chef du service d’hématologie au Sylvester Comprehensive Cancer Center, alerte sur les effets néfastes de la consommation conjointe d’alcool et de thé très chaud. S’exprimant dans The Washington Post, ce spécialiste souligne un risque cinq fois plus élevé de cancer de l’œsophage chez les personnes combinant ces deux boissons au quotidien. En cause : la température excessive du thé qui fragilise la muqueuse de l’œsophage, rendant celle-ci plus vulnérable aux effets cancérogènes de l’alcool.
Avec plus de 433 000 nouveaux cas recensés en 2023 et 164 000 décès liés au cancer en 2021, la maladie reste la première cause de mortalité en France. Et si la génétique joue un rôle, les habitudes de vie, notamment alimentaires, sont un facteur déterminant dans la prévention ou l’aggravation de la maladie. Le Panorama des cancers 2024 met d’ailleurs en lumière une tendance inquiétante : la progression continue du nombre de malades, alimentée par le vieillissement de la population, mais aussi par des comportements évitables.
Le thé brûlant : un faux allié santé
Longtemps perçu comme un breuvage bénéfique, le thé peut devenir dangereux s’il est consommé à plus de 60°C. Une étude chinoise publiée en 2018 et relayée par Top Santé révèle que la chaleur excessive aggrave les effets toxiques d’autres substances, comme l’alcool. Boire du thé très chaud seul double déjà le risque de cancer de l’œsophage, mais l’associer à une consommation régulière d’alcool multiplie par cinq les probabilités de développer ce type de cancer.
L’alcool, toujours un facteur majeur de risque
L’alcool est à lui seul un acteur central dans le développement de plusieurs cancers : œsophage, foie, colorectal… Le Centre Léon Bérard rappelle qu’il est responsable de 11 % des cancers masculins et de 4,5 % des cancers féminins. Une donnée inquiétante, d’autant plus que la banalisation des petits verres du quotidien rend cette menace silencieuse mais bien réelle.
Les barbecues aussi dans le viseur
Autre mauvaise habitude pointée par le Dr Sekeres : la consommation de viandes cuites à la flamme, notamment au barbecue. Cette cuisson provoque la formation de composés cancérogènes comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques, en particulier lorsque les graisses tombent sur les braises. Un plaisir estival qui, répété, peut devenir un véritable poison pour la santé.
Des dangers souvent sous-estimés
Parmi les pratiques à risque moins connues du grand public, la chicha se révèle particulièrement nocive. Une session d’une heure provoquerait l’inhalation de 100 à 200 fois plus de fumée qu’une cigarette, exposant les fumeurs à un cocktail de toxines. Les tatouages et les soins capillaires chimiques (colorations, lissages) sont eux aussi pointés du doigt pour leurs ingrédients potentiellement cancérogènes, longtemps négligés dans les évaluations de risques quotidiens.
Ces mises en garde ne signifient pas qu’il faut bannir toute forme de plaisir alimentaire ou esthétique, mais elles invitent à une prise de conscience salutaire. Réduire la température des boissons chaudes, espacer les consommations alcoolisées, privilégier des cuissons douces et choisir des produits moins agressifs sont des gestes simples mais puissants pour limiter l’exposition à des agents cancérigènes.
Le cancer n’est pas une fatalité. Si certains facteurs ne peuvent être maîtrisés, nos choix quotidiens comptent énormément. En évitant les associations nocives comme le thé brûlant et l’alcool, et en remettant en question certaines habitudes culturelles, il est possible de réduire significativement les risques, et ce, sans renoncer à une vie agréable. La clé réside, comme souvent, dans l’information, l’équilibre et la vigilance.