Alors qu’elle planifiait son mariage et se préparait à courir un semi-marathon, Rylie Toomey, 27 ans, s’est retrouvée propulsée dans un combat inattendu contre un cancer du côlon en phase terminale. Son histoire, bouleversante, révèle une tendance alarmante : l’essor fulgurant de cette maladie parmi les jeunes adultes pourtant en bonne santé.
Rylie Toomey n’était ni malade, ni fragile. Sportive, active, non-fumeuse et sans antécédents familiaux, elle mène une vie équilibrée à tous égards. Pourtant, à l’automne 2024, une douleur abdominale intense la pousse à consulter. Le verdict médical est sans gravité : constipation passagère. On la renvoie chez elle. Les douleurs persistent, les examens s’enchaînent, mais les médecins tardent à voir l’évidence.
C’est en avril 2025, après des mois de souffrance ignorée, que le diagnostic tombe : cancer du côlon de stade 4, déjà métastasé au foie et aux poumons. « Je croyais que j’allais exploser », confie-t-elle, décrivant un ventre gonflé à l’extrême et une douleur insupportable. Un parcours médical jalonné d’erreurs, qui a coûté des mois précieux au traitement.
Une épidémie silencieuse chez les jeunes adultes
Le cas de Rylie n’est plus une anomalie. Selon l’American Cancer Society, environ 20 000 personnes de moins de 50 ans seront diagnostiquées avec un cancer colorectal en 2025 aux États-Unis. La tendance est claire : alors que le nombre global de cas stagne, celui des jeunes adultes explose.
Entre 1999 et 2018, le taux de cancers colorectaux chez les moins de 50 ans est passé de 8,6 à 13 pour 100 000 personnes. Chez les 20–34 ans, les projections pour 2030 parlent d’une hausse de 90 %, et jusqu’à 500 % chez les adolescents. Cette poussée épidémique défie les certitudes : être jeune, en forme, et attentif à son hygiène de vie ne suffit plus à protéger.
Symptômes ignorés, diagnostics retardés
Le plus souvent, les premiers signaux d’alerte sont négligés. Douleurs abdominales récurrentes, ballonnements anormaux, fatigue inexpliquée, fièvre modérée… Ces symptômes, banalisés chez les jeunes, sont souvent attribués à des troubles digestifs bénins.
« Je n’avais aucun facteur de risque. C’est inimaginable, je m’alimentais bien, je faisais du sport », raconte Rylie. Pourtant, un cancer extrêmement agressif progressait silencieusement, dans un corps a priori sain. Dans près d’un cas sur cinq, le diagnostic est posé lors d’une urgence intestinale, à un stade déjà critique.
Des causes encore floues, mais inquiétantes
Les chercheurs évoquent plusieurs pistes : sédentarité croissante, alimentation industrielle, troubles du microbiote intestinal, mais aussi certaines bactéries comme E. coli qui produiraient des toxines cancérigènes. D’autres études évoquent l’impact possible du cannabis sur la mutation cellulaire. Rien n’est encore tranché, mais l’étiologie de ces cancers précoces reste en grande partie un mystère.
Un traitement lourd, un espoir suspendu
Depuis son diagnostic, Rylie suit un traitement intensif : chimiothérapie toutes les deux semaines, accompagnée d’immunothérapie. Son mariage a été reporté à juin 2026, une décision à la fois douloureuse et motivante : « C’est ce qui me donne de la force. C’est mon point d’horizon. »
Ses proches ont lancé une campagne GoFundMe pour l’aider à couvrir les frais médicaux. Mais au-delà du soutien logistique, Rylie veut désormais prévenir les autres, porter une voix dans ce combat : « Si je peux éviter à une seule personne de vivre ça, alors mon histoire aura eu un sens. »
Comment reconnaître les signes, et agir vite
Le cancer colorectal chez les jeunes reste sous-dépisté. En l’absence de programme systématique avant 50 ans, c’est à chacun de surveiller les signaux : saignements dans les selles, douleurs persistantes, perte de poids inexpliquée, sensation de satiété rapide, fatigue inhabituelle…
Consulter dès les premiers doutes, insister pour obtenir des examens approfondis, oser un second avis médical, peuvent faire la différence entre un traitement précoce et un combat plus long. Le site Mon Réseau Cancer rappelle qu’il est essentiel de poser les bonnes questions aux professionnels de santé : où se situe la tumeur, quel est son stade, quelles sont les options thérapeutiques, et quels en seront les effets à court et long terme ?
Une génération confrontée à une menace invisible
Ce que révèle l’histoire de Rylie Toomey, c’est un basculement générationnel dans la cartographie du cancer. Ce qui relevait autrefois du « mal des seniors » frappe aujourd’hui des trentenaires dynamiques, des jeunes parents, des étudiants.
Il est temps d’actualiser les perceptions médicales et sociales autour du cancer du côlon. Car si les corps changent, les mentalités doivent suivre. Pour que des douleurs comme celles de Rylie ne soient plus jamais ignorées.