Une lettre restée confidentielle pendant plusieurs mois vient de raviver les tensions politiques autour de la gestion des finances publiques.

Adressé en avril 2024 par Bruno Le Maire à Emmanuel Macron, ce courrier d’alerte sur l’état des comptes du pays soulève aujourd’hui des accusations graves, allant de la dissimulation à ce que certains qualifient de « scandale d’État ».
Selon les révélations de C dans l’Air et de La Tribune Dimanche, l’ancien ministre de l’Économie avait adressé au chef de l’État un courrier alarmant au printemps 2024. Bruno Le Maire y préconisait des économies immédiates pour limiter le déficit à 4,9 %, mettant en garde contre une dérive inévitable si rien n’était entrepris. « Toute stratégie d’évitement est vouée à l’échec », écrivait-il, appelant à une trajectoire permettant de revenir sous la barre des 3 % en 2027. Or, le déficit pour 2024 atteindra finalement 5,8 %, bien au-delà de l’objectif initial.

LFI dénonce une « omission d’État »
Interrogé sur BFMTV, Éric Coquerel, député LFI et président de la commission des finances, affirme avoir été informé de l’existence de cette lettre. Pour lui, le problème n’est pas son contenu mais le silence qui l’a entourée. Il y voit « une omission d’État » qui remet en cause la sincérité du budget présenté au Parlement. Selon l’élu, si l’exécutif connaissait l’ampleur du dérapage, alors le budget voté en conséquence ne reposait pas sur une base honnête.
La majorité tente de calmer le jeu

De son côté, l’actuel ministre de l’Économie, Roland Lescure, affirme ne pas avoir eu connaissance de ce courrier avant sa médiatisation. Il reconnaît néanmoins partager la responsabilité collective de la situation budgétaire, cherchant à désamorcer toute tentative de désigner un coupable unique. Une position destinée à préserver l’image d’un gouvernement uni, alors même que le débat interne sur les coupes budgétaires ressurgit.
Le RN parle d’un « scandale d’État »
À droite, la réaction est plus frontale. Guillaume Bigot, député du RN, accuse Emmanuel Macron d’avoir dissimulé des informations essentielles avant les échéances électorales, qualifiant l’affaire d’« énorme scandale d’État ». Pour le Rassemblement national, cette lettre constitue la preuve que l’Élysée savait et a volontairement retardé l’annonce d’une situation budgétaire dégradée pour éviter un coût politique.
La gauche reproche le silence de Bruno Le Maire
Jean-Christophe Cambadélis, ancien premier secrétaire du PS, reproche quant à lui au ministre de ne pas avoir agi en conséquence. S’il jugeait la situation aussi grave, il aurait dû démissionner, affirme-t-il. Cette ligne critique pointe une forme de loyauté jugée excessive envers Emmanuel Macron, où l’alerte écrite n’aurait pas été suivie d’actes.










