Alors que la cigarette électronique séduit un nombre croissant de Français, un danger insidieux refait surface : le syndrome du « poumon pop-corn ».
Cette maladie rare, grave et irréversible pourrait bien devenir le nouveau fléau pulmonaire des vapoteurs, alertent les experts. Zoom sur un risque encore trop méconnu.
Selon les dernières données de Santé Publique France, 8,3 % de la population française utilise une cigarette électronique et 6,1 % vapotent quotidiennement. Un phénomène en nette progression depuis 2021, avec des utilisateurs toujours plus nombreux, notamment chez les jeunes. Ce geste, perçu comme une alternative moins nocive au tabac, est aujourd’hui ancré dans les habitudes. Pourtant, il n’est pas sans conséquences pour la santé.
Une maladie aux origines industrielles
Le « syndrome du poumon pop-corn », de son nom scientifique bronchiolite oblitérante, est une affection rare mais particulièrement redoutable, touchant les plus petites voies respiratoires des poumons : les bronchioles. Elle entraîne une inflammation sévère suivie de la formation de tissus cicatriciels qui obstruent progressivement les conduits respiratoires. Cette pathologie doit son nom à un drame industriel survenu dans les années 2000 : plusieurs ouvriers d’usines de pop-corn aux États-Unis ont développé cette maladie après avoir été exposés à un arôme chimique, le diacétyle, utilisé pour recréer un goût beurré.
Diacétyle et vapotage : un lien préoccupant
Pourquoi en parle-t-on aujourd’hui dans le contexte des cigarettes électroniques ? Tout simplement parce que le diacétyle est parfois présent dans les e-liquides aromatisés, notamment ceux aux saveurs gourmandes. Aux États-Unis, une adolescente a récemment contracté la maladie suite à une consommation régulière de vapoteuse, une affaire rendue publique par sa mère sur TikTok, provoquant une vague de prises de conscience. Le lien entre vapotage et pathologies pulmonaires graves devient de plus en plus tangible.
Des symptômes progressifs mais alarmants
Le syndrome du poumon pop-corn se manifeste par des signes discrets mais persistants, souvent confondus avec ceux d’autres affections pulmonaires comme l’asthme ou la BPCO. Les principaux symptômes sont :
- Une toux sèche et chronique
- Une gêne respiratoire à l’effort
- Une fatigue anormale lors d’activités physiques
- Une respiration sifflante
Ces symptômes s’installent lentement sur plusieurs semaines, ce qui complique le diagnostic précoce. Contrairement à l’asthme, les traitements classiques s’avèrent souvent inefficaces face à cette pathologie.
Une maladie incurable mais partiellement maîtrisable
Face à ces symptômes, une consultation médicale est indispensable. Le diagnostic repose sur un examen clinique approfondi, un historique des expositions à des substances toxiques, des analyses d’imagerie (scanner thoracique, radiographie) ainsi que des tests de fonction respiratoire. Dans certains cas, une biopsie pulmonaire peut être requise. Une fois la maladie confirmée, aucun traitement curatif n’est disponible à ce jour.
Cependant, plusieurs options peuvent soulager les malades et ralentir la progression de la maladie : administration de bronchodilatateurs, corticostéroïdes, oxygénothérapie, ou encore rééducation respiratoire. Dans les cas les plus graves, la greffe pulmonaire reste le dernier recours.
Vers une prise de conscience nécessaire
Même si le syndrome du poumon pop-corn demeure rare, les experts redoutent une hausse des cas dans les années à venir, à mesure que l’usage de la cigarette électronique se banalise. Le problème ne vient pas seulement du diacétyle, mais aussi d’autres composants toxiques présents dans les e-liquides, tels que le formaldéhyde ou l’acétaldéhyde. Les autorités sanitaires appellent donc à la vigilance, surtout face aux produits non réglementés ou aux recharges exotiques vendues en ligne.