Peut-on vraiment imposer à un enfant un prénom qui lui cause de la souffrance ? À l’heure où l’identité se construit dès le plus jeune âge, l’histoire de ce petit garçon illustre à quel point un simple mot peut peser lourd sur les épaules d’un enfant.
Depuis 2017, le changement de prénom n’est plus une épreuve kafkaïenne. Grâce à la loi de modernisation de la justice du XXIe siècle, il suffit désormais de s’adresser à sa mairie pour entamer cette procédure, à condition d’apporter une justification jugée « légitime ». Cela inclut par exemple les situations de moqueries, de rejet, de transition de genre ou de discordance identitaire. Le changement est gratuit, généralement rapide (environ un mois), et offre aux personnes concernées une chance de reconstruire leur identité à travers une simple signature.
Un prénom hors norme devenu une source de souffrance
C’est dans ce contexte que l’histoire de ce petit garçon prénommé “Table” a récemment fait réagir la toile. Adopté il y a trois ans, ses parents ont d’abord choisi de conserver le prénom donné par sa mère biologique, en guise de respect et de continuité. Mais ce prénom original s’est rapidement transformé en fardeau pour l’enfant. À l’école, il subit des moqueries régulières, qui ont fini par ternir son estime de soi.
Face à cette pression sociale, l’enfant a commencé à se présenter sous son second prénom, Harrison, une échappatoire qui lui a permis de mieux vivre son quotidien. Ses parents, sensibles à sa détresse, ont décidé d’intégrer ce prénom à son identité officielle, en ajoutant leurs noms de famille pour former : Table Michael Harrison Smith-Jones. Un compromis, mais qui n’a pas suffi à effacer les stigmates.
À 7 ans, il demande à “changer de vie”
À l’occasion de son septième anniversaire, le petit garçon a surpris sa famille en faisant une demande peu banale : changer officiellement de prénom pour s’appeler Harrison, effaçant ainsi définitivement la trace de “Table”. Un souhait qu’il a exprimé avec gravité, témoignant d’un malaise profond face à un prénom qu’il associe désormais à la honte et à l’humiliation. “Ce sera mon cadeau d’anniversaire”, a-t-il demandé.
Pour sa mère, ce moment a été un déclic. Dans un message publié sur Reddit, elle confie son trouble et s’interroge : “Accepteriez-vous une telle demande de votre enfant ?” La question a aussitôt suscité un vif débat en ligne.
Une décision mûre ou prématurée ?
Les internautes sont divisés. Certains jugent que 7 ans est un âge trop jeune pour prendre une décision aussi importante. D’autres estiment qu’il faut écouter un enfant lorsqu’il verbalise une souffrance aussi clairement. “S’il se sent blessé, moqué, rejeté à cause de ce prénom, pourquoi le condamner à vivre avec ?”, commente un utilisateur.
De nombreux témoignages d’adultes ayant eux-mêmes changé de prénom ont également émergé, renforçant le sentiment que l’identité ne doit pas être une prison imposée par les adultes ou les conventions sociales. Dans le cas de ce petit garçon, le changement serait probablement plus réparateur que perturbant.