Parfois, la magie du direct réside dans les imprévus. Ce mardi 1er juillet, Léa Salamé et Sophie Letourneur ont offert aux auditeurs de France Inter un moment aussi spontané que révélateur, entre rire gêné et sincérité désarmante. À l’image du cinéma de la réalisatrice : brut, vivant, et délicieusement humain.
Invitée sur France Inter pour parler de son nouveau film L’Aventura, Sophie Letourneur pensait son micro coupé. Alors qu’une chanson de Michel Jonasz venait de se lancer à l’antenne, la réalisatrice, en toute décontraction, continuait de discuter : « J’ai été plusieurs fois aux Canaries… J’ai des amis en fait… » lançait-elle, sur un ton relâché. Une confidence anodine, captée en direct, que Léa Salamé a interrompue avec un sourire dans la voix : « On vous écoute là… ».
Gênée mais amusée, Sophie Letourneur s’est excusée en riant. Un petit flottement radiophonique devenu un moment de grâce. Ce genre d’incident n’est pas une erreur, c’est la signature même de son cinéma, fait d’instants bruts, non retouchés, de vie saisie au vol.
Un échange à l’image du film
Ce léger accroc n’a fait que renforcer la complicité entre l’invitée et la journaliste. L’entretien qui a suivi autour de L’Aventura s’est révélé riche et sincère. Dans ce film, Sophie Letourneur incarne une mère de famille en vacances en Sardaigne avec son compagnon et ses enfants. Un scénario qui tient davantage du carnet de bord existentiel que de la fiction classique.
« C’est la vraie vie que je veux filmer », affirme la réalisatrice. Et cette quête de réel traverse non seulement ses œuvres, mais aussi ses apparitions publiques. Rien d’étonnant à ce que le direct ait glissé, comme un clin d’œil, vers l’imprévu : l’authenticité, chez Letourneur, est une constante.
La poésie de l’ordinaire selon Letourneur
Depuis ses débuts, Sophie Letourneur filme ce que d’autres passent sous silence : les micro-tensions du quotidien, les silences de fatigue, les disputes absurdes et les gestes tendres. L’Aventura prolonge cette exploration douce-amère, à hauteur de mère et de compagne, dans un décor de vacances où les enfants sont tour à tour des adorables boulets et des révélateurs de fragilité.
Philippe Katerine a parfaitement résumé son approche : « Elle filme la poésie de l’extra-quotidien, les discussions sur où on va manger, pourquoi on a pris la couette dans la voiture, les envies pressantes au pire moment… » Une démarche que peu osent encore aujourd’hui, dans un cinéma souvent trop lisse.
Une réalisatrice singulière, fidèle à elle-même
Sophie Letourneur ne joue pas un rôle, ni à l’écran, ni en studio. Ce moment capté à la volée sur France Inter n’est pas une bourde mais une preuve de cohérence : elle vit comme elle filme, sans tricher, avec les maladresses de la vie réelle et les mots qui débordent parfois du cadre.
Léa Salamé, habituée aux échanges calibrés, a su capter cette nuance, laissant l’interview glisser vers une forme d’intimité rare en matinale. Le résultat ? Un moment radiophonique inattendu, qui a su toucher les auditeurs bien au-delà de la simple promotion d’un film.