À seulement 26 ans, Constance Schaerer vient de marquer l’histoire de l’alpinisme français. Mais au-delà du record, son ascension de l’Everest est avant tout un hommage bouleversant : celui d’une fille à son père disparu. Un exploit empreint d’amour, de deuil et de résilience, gravé à jamais sur le « toit du monde ».
La plus jeune Française sur l’Everest
Le 19 mai 2025 à 6 h 10 du matin, Constance Schaerer est devenue la plus jeune Française à atteindre les 8 849 mètres de l’Everest, dépassant ainsi Hélène Drouin, qui détenait le précédent record depuis 2021. Cette ascension hors normes, partagée sur son compte Instagram, s’accompagne d’un message déchirant : « Mon petit papa, tu reposeras à tout jamais sur le plus haut sommet du monde. »
Une phrase simple mais chargée d’émotion, qui résume à elle seule la puissance de cette aventure. Car si la jeune Alsacienne a relevé ce défi titanesque, c’est avant tout pour accomplir la dernière volonté de son père, emporté par un cancer du pancréas en 2007.
Un serment fait aux cimes du monde
Avant sa mort, le père de Constance avait exprimé un vœu étrange et magnifique : que ses cendres soient dispersées au sommet des plus hautes montagnes de chaque continent. Un souhait que sa fille a transformé en une mission de vie. Ainsi est né son projet « 7 sommets contre la maladie ».
Le Kilimandjaro (Afrique), l’Aconcagua (Amérique du Sud) et le Denali (Amérique du Nord) ont déjà été gravis. L’Everest, l’apogée de cette quête, représentait le défi le plus redoutable et le plus symbolique. Il aura fallu 40 jours d’ascension, d’entraînement, de privations et de souffrance pour atteindre ce moment unique. Mais au sommet, ce n’était pas seulement Constance qui se tenait face au ciel : c’était aussi son père, vivant dans son souvenir.
Une ascension éprouvante jusqu’aux extrêmes
Gravir l’Everest n’est jamais anodin. Constance a affronté des vents glacials à près de 50 km/h et des températures atteignant les -40 degrés. Le froid extrême a mis son corps à rude épreuve. Gelures aux mains et aux pieds, fatigue extrême, respiration entravée par l’altitude : elle a tout enduré pour aller jusqu’au bout.
Hospitalisée à Katmandou pour soigner ses blessures, elle n’a pourtant exprimé aucune plainte, seulement une profonde gratitude. « Nous sommes arrivés totalement gelés au sommet… mais nous l’avons fait », déclare-t-elle avec humilité.
L’amour d’un père comme boussole
Au cœur de l’effort, une force invisible l’a portée : la présence constante de son père, comme un souffle dans le vent, un regard au-dessus des nuages. « Je continuerai de te faire vivre jusqu’à mon dernier souffle », écrit-elle sur Instagram, dans un hommage bouleversant.
Plus qu’un record sportif, c’est un acte d’amour pur, guidé par une promesse filiale. Et c’est sans doute cette sincérité, cette humanité si touchante, qui donne à son aventure une portée universelle.
Une cause portée à bout de bras
Mais Constance Schaerer ne grimpe pas que pour elle. Chaque sommet conquis est aussi une victoire pour son association “7 sommets contre la maladie”, qui vient en aide aux enfants ayant perdu un parent ou vivant avec un proche gravement malade. À travers son engagement, elle souhaite redonner espoir et force à ceux qui, comme elle, ont connu l’absence.
Son projet, profondément personnel, se transforme ainsi en une chaîne de solidarité, où chaque pas vers les hauteurs devient une main tendue vers ceux restés au sol.
Et maintenant, les prochaines étapes…
Après l’Everest, il reste encore trois sommets à gravir : le Mont Vinson (Antarctique), l’Elbrouz (Europe) et le Puncak Jaya (Océanie). Un défi toujours aussi audacieux, mais que Constance semble prête à relever avec la même détermination.
Car au sommet de chaque montagne, ce n’est pas un drapeau qu’elle plante, mais un souvenir, une promesse, un adieu qui n’en finit pas. Une jeune femme, un sac à dos, des cendres… et tout un monde d’émotions, suspendu entre ciel et terre.