Après plus de cinq ans d’attente, la justice a tranché. Cédric Jubillar a été condamné à trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme, Delphine. Un verdict lourd qui soulage la famille de la victime, mais laisse un vide immense : celui d’un corps toujours introuvable.
Au terme d’un procès éprouvant, les avocats des parties civiles ont exprimé leur soulagement, tout en insistant sur la douleur persistante des proches.
« Justice est passée, c’est important pour les enfants », a déclaré Me Malika Chmani, avocate des enfants de Delphine et Cédric Jubillar. Selon elle, la peine de trente ans est « à la hauteur de l’absence d’aveu et de l’absence de corps ».
Pour la première fois depuis le début de cette affaire, les émotions ont éclaté dans la salle d’audience. « Certaines parties civiles ont craqué. Elles avaient peur de s’exprimer, aujourd’hui c’est un soulagement, c’est sain », a confié l’avocate avec pudeur.
Le besoin viscéral de vérité
Mais derrière ce verdict, une question demeure : où se trouve le corps de Delphine Jubillar ?
Me Laurent Boguet, qui représente également les enfants du couple, a lancé un appel solennel :
« Cette peine rétribue les agissements reprochés à Cédric Jubillar, mais surtout son attitude pendant l’instruction et le procès. Il lui appartient d’en tirer les conséquences et d’indiquer où il a dissimulé la dépouille de sa femme. »
Ce besoin de vérité dépasse la justice : il s’agit d’un devoir de paix pour les enfants et pour tous ceux qui attendent une sépulture digne pour Delphine.
La douleur intacte de la famille Aussaguel
Me Mourad Battikh, avocat des cousins, oncles et tantes de Delphine, a lui aussi pris la parole, saluant une victoire judiciaire mais rappelant le drame humain qui se cache derrière la procédure :
« Cela fait cinq ans qu’ils souffrent, cinq ans qu’ils sont privés de corps, de tombe, de vérité. Aujourd’hui, la vérité a enfin triomphé du mensonge. »
Ces mots résonnent comme une libération partielle pour la famille Aussaguel, qui espère désormais que le condamné parlera.
Un appel annoncé, l’espoir d’une évolution
De leur côté, les avocats de Cédric Jubillar, Me Alexandre Martin et Me Alary, ont annoncé leur intention de faire appel. « Nous respectons la décision, mais nous savions qu’il y aurait un deuxième combat », a déclaré Me Martin à la sortie du tribunal.
Pour Me Chmani, cet appel pourrait être l’occasion d’un sursaut de conscience :
« J’espère qu’il va cheminer dans l’intérêt de ses enfants. Qu’il livrera enfin la réponse à cette question : où est la dépouille de maman ? »
Selon elle, les enfants n’ont jamais nourri de haine envers leur père : « Ils lui ont tendu la main à plusieurs reprises, mais Cédric Jubillar n’a montré ni émotion, ni évolution. »
Une condamnation qui ne clôt pas l’histoire
Pour Me Boguet, le temps d’ici le procès en appel sera court, mais le cheminement intérieur du condamné reste possible :
« Peut-être qu’un jour, en se rapprochant de ses enfants, il trouvera la force de dire la vérité. »
Cinq ans après la disparition de Delphine, le mystère demeure entier, mais la famille peut au moins se raccrocher à une forme de justice — en attendant, peut-être, la vérité ultime : celle du lieu où repose la mère, la fille et l’amie qu’ils ont perdue.