Elle se disait atteinte d’une leucémie, émouvait les internautes et recevait des dons venus de toute la France. En réalité, il s’agissait d’une supercherie soigneusement orchestrée par une femme et son ex-mari. Le couple, jugé à Bordeaux, a détourné plus de 80 000 euros grâce à de fausses cagnottes en ligne.
Pendant plusieurs années, cette institutrice et son ex-conjoint ont abusé de la compassion des Français. Sous prétexte de financer des traitements médicaux coûteux pour une leucémie imaginaire, ils ont lancé plusieurs cagnottes en ligne entre 2019 et 2024. L’histoire, relayée sur les réseaux sociaux avec des messages poignants et des photos touchantes, avait convaincu des centaines de donateurs sincères.
Grâce à ce stratagème, le duo est parvenu à collecter près de 82 700 euros, répartis sur trois cagnottes hébergées sur la plateforme Leetchi. Derrière cette apparente détresse se cachait une escroquerie méthodiquement construite, où chaque détail semblait crédible. Les messages de remerciement, les témoignages, les “bilans médicaux” inventés : tout participait à entretenir l’illusion.
Le réveil brutal de la vérité
C’est finalement l’Agence de la Biomédecine qui a mis fin à cette mascarade. L’organisme a été alerté par le partage d’un influenceur qui relayait l’appel aux dons du couple. Les escrocs prétendaient vouloir financer l’achat de cellules souches pour soigner la malade. Or, en France, ces traitements ne sont jamais facturés aux patients, a rappelé l’institution, dévoilant ainsi l’imposture.
Alertées, les autorités ont ouvert une enquête qui a mis au jour l’ampleur du mensonge. Le couple utilisait les fonds à des fins personnelles : achats de biens matériels, dépenses de confort, retraits suspects. L’argent, censé sauver une vie, finissait dans leurs comptes bancaires.
Le tribunal de Bordeaux tranche
Le jeudi 30 octobre, le tribunal correctionnel de Bordeaux a condamné la fausse malade et son ex-mari à 12 mois d’emprisonnement avec sursis probatoire de trois ans. Tous deux ont été reconnus coupables d’escroquerie et de blanchiment. Une peine assortie d’un contrôle judiciaire strict et de l’obligation de rembourser les victimes.
Les juges ont ordonné la saisie des sommes présentes sur leurs comptes ainsi que la confiscation des biens acquis grâce aux cagnottes frauduleuses. En tout, une trentaine de donateurs, aujourd’hui constitués parties civiles, seront partiellement indemnisés. Pour la principale prévenue, la justice a également exigé un suivi psychologique et des soins adaptés, compte tenu de son état et de sa profession d’institutrice.
 
 
 









