Plus de quatre ans après la disparition de Delphine Jubillar, l’enquête judiciaire connaît un tournant crucial. À l’approche du procès de Cédric Jubillar, une piste potentielle vient d’être écartée, laissant ses proches face à un sentiment d’inachevé. L’affaire reste marquée par les silences, les doutes et une absence insoutenable : celle du corps de l’infirmière.
L’annonce a bouleversé les proches de Delphine Jubillar : la justice a refusé de nouvelles fouilles dans une zone boisée jugée potentiellement clé. Située à Mirandol-Bourgnounac, à 25 kilomètres du domicile conjugal, cette zone avait pourtant éveillé l’attention de Me Pauline Rongier, avocate d’une amie proche de la disparue. Selon ses observations, le téléphone de Cédric Jubillar aurait borné à proximité du lieu la veille du drame, ce qui pourrait indiquer un repérage en amont.
Mais le 20 juin 2025, la cour d’assises du Tarn a rejeté la demande de fouilles. La décision a été prise sans possibilité de recours, la demande ayant été adressée uniquement à la présidente de la cour. Une décision difficile à entendre pour Me Rongier, qui évoquait pourtant un « impératif de justice et de dignité » pour la famille et les proches de Delphine.
Une anomalie technique qui alimente les soupçons
Un détail technique nourrit toujours les interrogations : une donnée d’emplacement enregistrée à 3h21 du matin, la nuit de la disparition. Elle apparaît dans une plage horaire où le téléphone de Cédric Jubillar était pourtant censé être inactif, entre 20h08 le 15 décembre 2020 et 3h53 le lendemain. Cette exception soulève une incertitude : l’appareil aurait-il réellement quitté la maison pour se rendre dans les bois ? Ou s’agit-il d’un artefact technique, difficile à interpréter ?
Les experts peinent à trancher. Le doute subsiste, et avec lui, l’impression que des pistes restent sous-exploitées.
L’acharnement d’une avocate, la douleur d’une famille
Malgré ce refus, Me Rongier ne renonce pas. L’avocate prévoit de relancer officiellement sa demande lors du procès prévu en septembre. Une disposition rendue possible par le code de procédure pénale. Car l’enjeu dépasse la défense ou l’accusation : il s’agit de retrouver le corps de Delphine Jubillar, pour offrir à ses proches un lieu de deuil, et peut-être, un début de paix.
La ténacité de Me Rongier s’appuie également sur un élément troublant : le téléphone de Cédric aurait borné à plusieurs reprises dans cette même zone au cours des semaines précédant la disparition. Autant de signaux faibles que certains jugent insuffisamment creusés par l’enquête.
Une procédure sans aveux, sans corps, mais sous tension
Cédric Jubillar est en détention provisoire depuis trois ans, mis en examen pour meurtre. Il continue de clamer son innocence, en l’absence de toute preuve matérielle directe ou d’aveux. Le procès qui s’ouvrira en septembre s’annonce tendu et décisif. L’absence du corps de Delphine fragilise l’accusation, mais les indices circonstanciels – comportements, incohérences, zones d’ombre – pèsent dans le dossier.
L’opinion publique, elle, reste divisée. Entre ceux qui voient en Cédric Jubillar le coupable désigné par un faisceau d’indices, et ceux qui estiment que l’instruction manque de preuves solides, l’émotion reste vive.