L’Assemblée nationale s’est transformée, mardi 10 juin, en théâtre d’un clash retentissant entre députés et influenceurs. Au cœur de la tempête : Alex Hitchens, alias Isaac Mayembo.
L’ex-coach en séduction, habitué des polémiques en ligne, a claqué la porte en pleine audition parlementaire. Un geste spectaculaire qui pourrait bien lui coûter cher, et qui relance les débats sur les dérives de l’influence numérique. La commission d’enquête parlementaire sur l’impact de TikTok et des influenceurs sur la jeunesse s’annonçait tendue : elle l’a été au-delà des attentes. Dès son entrée en visio, Alex Hitchens — connu pour ses vidéos misogynes et controversées — a opté pour une posture défensive, tentant d’expliquer que « je ne suis pas modérateur, je ne peux pas trier mon live », face aux députés interpellant ses propos virulents.
Mais la tension monte vite lorsque le député Arthur Delaporte, président de la commission, insiste sur des vidéos problématiques — notamment une où l’influenceur affirme qu’une femme qui refuse de montrer son téléphone mérite une rupture immédiate. Pressé de s’expliquer, Alex Hitchens coupe court au débat avec un cinglant : « Au revoir monsieur, bonne journée », avant de quitter la réunion. Écran noir. Silence glacial.
Une décision aux conséquences judiciaires possibles
Ce geste n’est pas sans risque. En refusant de répondre jusqu’au bout à la commission d’enquête, Alex Hitchens s’expose à des poursuites judiciaires. Selon l’ordonnance du 17 novembre 1958, un refus de comparaître peut être sanctionné de deux ans de prison et 7 500 euros d’amende. Le geste, spectaculaire et hautement symbolique, pourrait ainsi avoir des suites bien concrètes.
Le message envoyé au Parlement est perçu comme un affront. Le mépris affiché de l’influenceur face à l’institution pourrait aussi peser lourd dans les réflexions en cours sur la régulation plus stricte des contenus numériques.
Le parcours controversé d’un « coach en séduction »
Isaac Mayembo, alias Alex Hitchens, s’est fait connaître en 2021 pour ses vidéos de « drague de rue », souvent à la limite du harcèlement. Ancien basketteur reconverti en youtubeur, il cultive depuis une image de bad boy autoproclamé, mêlant provocations sexistes, conseils douteux et rhétorique viriliste.
Avec plus de 370 000 abonnés sur YouTube et 164 000 sur Instagram, ses vidéos sont vues massivement, notamment par un public jeune. Et c’est bien ce qui inquiète : derrière l’apparente légèreté de ses contenus, se dessine une vision des rapports homme-femme profondément dégradante.
Une commission élargie à d’autres visages du web
Alex Hitchens n’était pas le seul à devoir s’expliquer ce jour-là. D’autres figures bien connues du web ont également été auditionnées. Manon et Julien Tanti, couple emblématique de la télé-réalité, ont répondu aux questions sur la surexposition de leurs enfants et leur manière de monétiser leur quotidien familial.
AD Laurent, dont les comptes ont été récemment suspendus, était aussi convoqué. Tandis que Nasdas, influenceur célèbre sur Snapchat, a adopté un ton plus conciliant. « Certaines séquences sont mises en scène », a-t-il reconnu, dans une tentative d’apaiser les critiques. Une stratégie opposée à celle d’Alex Hitchens, dont la fuite n’a fait que renforcer le malaise.
Un tournant dans la régulation de l’influence ?
Cette audition pourrait marquer un tournant dans la prise en compte politique du pouvoir des influenceurs. L’incident Hitchens cristallise les tensions entre la sphère numérique, souvent incontrôlée, et les institutions démocratiques. Il pose aussi une question fondamentale : jusqu’où peut-on laisser proliférer des discours radicaux sous couvert d’ »authenticité » ou de « divertissement » ?