Sur le bord de l’autoroute A9, certains visages finissent par devenir familiers. Celui d’Yvette en faisait partie.

Discrète mais reconnaissable, la septuagénaire incarnait une présence singulière sur l’aire de repos de Fabrègues. Sa disparition marque la fin d’une histoire atypique, ancrée dans la mémoire de nombreux automobilistes. Les habitués de cette portion d’autoroute connaissaient tous Yvette, même sans jamais avoir échangé un mot avec elle. Âgée de 78 ans, la septuagénaire vivait depuis des décennies sur l’aire de repos de Fabrègues, dans l’Hérault, le long de l’A9. Sa présence, constante et immuable, faisait partie du décor pour de nombreux voyageurs qui traversaient régulièrement la région. Selon les informations rapportées par Midi Libre, Yvette est décédée, mettant fin à une existence hors normes.
Une disparition révélée tardivement
La nouvelle de son décès n’a été rendue publique que plusieurs mois après les faits. C’est le directeur de l’aire de repos qui a confirmé l’information le dimanche 10 août, indiquant qu’Yvette serait décédée environ six mois plus tôt. Les circonstances exactes de sa mort n’ont pas été précisées et demeurent inconnues à ce jour. Ce délai dans l’annonce renforce le caractère discret et presque effacé de la fin de vie de celle qui avait pourtant marqué les lieux pendant près de quarante ans.
Un choix de vie assumé, loin des normes

Yvette ne s’était pas installée là par contrainte, mais par décision personnelle. Depuis 38 ans, elle vivait dans un campement de fortune, niché sous les pins, sur les hauteurs de la Gardiole. Tentes, abris rudimentaires et organisation sommaire composaient son quotidien. Elle revendiquait ce mode de vie singulier, affirmant à ceux qui s’en étonnaient qu’elle avait choisi cette existence en marge, loin des cadres traditionnels.
Un personnage au caractère bien trempé
Trois ans avant sa disparition, Yvette avait accepté de se raconter. Décrite par Midi Libre comme une femme au regard dur, aux sourcils froncés, portant souvent un bandeau sur la tête et une robe rouge, elle dégageait une présence forte malgré sa silhouette voûtée. Si certains la disaient prompte à s’emporter, elle restait fidèle à son discours : cette vie était la sienne, assumée et revendiquée. Elle croisait quotidiennement automobilistes, touristes et voyageurs de passage, devenant, sans le vouloir, une figure locale.
Mamichat, entre solitude et compagnons félins

Les chats occupaient une place particulière dans son quotidien, au point de lui valoir le surnom affectueux de « Mamichat ». Ces animaux faisaient partie intégrante de son environnement et semblaient adoucir une solitude pourtant bien réelle. Cette relation avec les félins renforçait l’image attachante que certains visiteurs se faisaient d’elle, malgré son tempérament parfois abrupt.
Un lien fragile avec les services sociaux
Pendant un temps, Yvette bénéficiait d’un suivi minimal, recevant la visite du Samu social à raison de deux passages par semaine. Ces visites constituaient presque son seul contact régulier avec l’extérieur institutionnel. Elles auraient cependant cessé par la suite, accentuant encore son isolement. Pour ses besoins quotidiens, elle se rendait dans un supermarché voisin, où les clients la reconnaissaient immédiatement à son allure singulière et à son mode de vie hors du commun.
Une émotion discrète mais réelle après son décès
La disparition d’Yvette a suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux, y compris chez des personnes qui ne l’avaient jamais rencontrée. Son histoire, révélée ou redécouverte à l’annonce de sa mort, a touché de nombreux internautes. Elle symbolisait une forme de liberté radicale, mais aussi la fragilité des existences marginales qui, parfois, s’éteignent loin des regards.










