Sur le plateau de BFMTV, ce mercredi 30 avril 2025, un échange vif et sans fard s’est déroulé entre Apolline de Malherbe et Gérard Larcher.
Face à la journaliste, le président du Sénat a été sommé de s’expliquer sur des sujets brûlants, allant des choix gouvernementaux aux tensions fiscales dans les territoires. Retour sur un face-à-face sans complaisance.
C’est avec son ton incisif et son sens de la formule qu’Apolline de Malherbe a accueilli Gérard Larcher, deuxième personnage de l’État, dans son émission Face à Apolline. La journaliste ne s’est pas laissé intimider par le poids institutionnel de son invité. Dès les premières minutes, elle l’a confronté à la grogne des collectivités locales, de plus en plus inquiètes de leur avenir financier.
La présentatrice s’est notamment appuyée sur les propos du ministre de la Cohésion des territoires, qui qualifiait une récente mesure de “modeste contribution”. Une déclaration jugée insuffisante pour répondre à la réalité du terrain. “Vous louvoyez un peu là, Gérard Larcher ?”, a-t-elle fini par lancer, interrompant son invité pour lui demander une réponse plus tranchée.
Larcher assume le rôle du Sénat face aux coupes budgétaires
Malgré la pression, le président du Sénat n’a pas reculé. Face à l’accusation de flou, il a réaffirmé le rôle clé de son institution dans la défense des collectivités territoriales : “C’est la responsabilité du Sénat de représenter les territoires”, a-t-il martelé. Il s’est posé en garant du dialogue démocratique, insistant sur les échanges nécessaires entre l’exécutif et la majorité sénatoriale pour préserver un équilibre républicain.
Dans sa réponse, il a tenu à rappeler que les ministres peuvent faire des propositions, mais que le Sénat a toute légitimité pour faire entendre sa voix. Une manière claire de réaffirmer son indépendance vis-à-vis de la ligne gouvernementale, sans céder à la rhétorique politicienne.
Une attaque directe contre la politique d’Emmanuel Macron
Gérard Larcher ne s’est pas contenté de défendre l’action du Sénat. Il a également adressé un tacle direct au chef de l’État, qu’il juge responsable de l’actuelle dérive fiscale. “La faute originelle, c’est la suppression de la taxe d’habitation”, a-t-il lancé, rappelant que cette mesure, prise en 2017, a privé l’État de 22 milliards d’euros.
Il a déploré une décision qu’il considère comme le point de départ d’un déséquilibre profond. “Ce sont désormais uniquement les propriétaires qui financent les services publics locaux”, a-t-il déploré. Une situation qui, selon lui, nuit à l’équité fiscale et creuse un fossé entre les citoyens.
Les locataires dans le viseur des débats fiscaux
Dans un discours chiffré, Gérard Larcher a dénoncé les conséquences concrètes de cette réforme : dans certaines communes de son département, plus de 60 % des habitants sont locataires, parfois même 70 %. Résultat ? La fiscalité locale repose aujourd’hui sur une minorité : les seuls propriétaires.
“Ce n’est pas juste”, a-t-il insisté avec gravité, en soulignant que beaucoup de bénéficiaires des services publics ne contribuent plus à leur financement. Une manière d’interpeller le gouvernement sur la nécessité de rétablir un modèle fiscal plus équilibré.
Une opposition assumée et structurée
Au fil de l’entretien, Gérard Larcher a esquissé les contours d’une opposition institutionnelle sereine mais ferme. Pas de posture martiale, mais une volonté affichée de défendre une autre vision de l’équité territoriale. Son message est limpide : le Sénat continuera de jouer son rôle de contre-pouvoir, surtout face aux décisions qu’il estime injustes ou déséquilibrées.
En face, Apolline de Malherbe a maintenu la pression jusqu’au bout. Son style direct et sans concession a permis d’éclairer les véritables enjeux, bien au-delà des éléments de langage. Ce face-à-face démontre, une fois de plus, la nécessité d’un journalisme exigeant pour faire émerger un débat démocratique vivant.