L’université d’été de La France insoumise s’ouvre dans un climat tendu. Pour la première fois, un journaliste du Monde s’est vu refuser l’accès à un événement politique majeur en raison de son travail d’enquête.
Ce geste, qualifié d’entrave à la liberté de la presse, suscite une vague d’indignation dans le paysage médiatique et politique. Olivier Pérou, reporter au Monde et co-auteur du livre La Meute, n’a pas été autorisé à assister aux Amfis, l’université d’été du parti de Jean-Luc Mélenchon, qui se tient dans la Drôme. L’ouvrage, coréalisé avec Charlotte Belaïch, dénonce les abus de pouvoir et les dérives autoritaires au sein de LFI, ce qui aurait motivé cette exclusion. Une décision inédite, aucun parti n’ayant jusque-là interdit à un journaliste du quotidien de couvrir ce type d’événement.
La réaction ferme de la rédaction du Monde
Face à cette éviction, la direction du journal a exprimé sa colère. « Nous élevons la plus vive protestation contre cette entrave caractérisée à la liberté de la presse », a déclaré Jérôme Fenoglio, directeur de la rédaction, rappelant que la liberté de choisir les journalistes qui couvrent un événement relève de l’indépendance éditoriale. Le quotidien Le Figaro a lui aussi exprimé son indignation face à ce précédent jugé inquiétant.
Un parallèle avec les pratiques d’extrême droite
Cette décision de LFI alimente les critiques. Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, a dénoncé sur le réseau social X une dérive autoritaire : « Jusqu’ici, seule l’extrême droite interdisait les journalistes qui lui déplaisent. Que LFI fasse de même, piétinant la liberté de la presse et le droit de critique, contredit sa prétention à démocratiser la République. » Pour le journaliste, ce choix illustre un tournant préoccupant du parti vis-à-vis de la presse.
Une relation conflictuelle entre LFI et les médias
Les tensions entre Jean-Luc Mélenchon et la presse ne datent pas d’hier. En 2022, le leader insoumis avait déjà été condamné pour injure publique et diffamation après avoir traité des journalistes de Radio France d’« abrutis ». Ces attaques répétées contribuent à alimenter l’image d’un parti en guerre ouverte contre certains médias, en contradiction avec son discours sur la démocratie et la liberté d’expression.
Une polémique qui dépasse le cas individuel
Au-delà de l’affaire Pérou, c’est l’attitude globale de LFI vis-à-vis des médias qui est questionnée. L’éviction d’un journaliste d’un grand quotidien national ouvre un précédent dangereux, qui interroge sur la conception de la liberté d’informer chez certains responsables politiques. Alors que les Amfis se veulent un rendez-vous d’échanges et de débat, cet épisode risque de peser lourdement sur l’image du mouvement insoumis.