Partie seule à la découverte des paysages sauvages d’Australie, Carolina Wilga aurait pu ne jamais être retrouvée. Son incroyable survie, digne d’un film, révèle la ténacité d’une jeune femme confrontée à l’immensité et à la rudesse de la brousse australienne.
Le 29 juin, la trace de Carolina Wilga se perd. Cette Allemande de 26 ans, en road trip en solitaire dans une zone reculée de l’Australie-Occidentale, cesse brusquement de donner des nouvelles. Son van, repéré quelques jours plus tard, est retrouvé immobilisé dans la réserve naturelle de Karroun Hill, isolée et aride. Mais la jeune femme, elle, reste introuvable.
Durant près de deux semaines, aucune piste, aucune apparition. Ce n’est que le 11 juillet, grâce au hasard d’un promeneur, qu’on la retrouve à 24 kilomètres de son point de départ, méconnaissable : amaigrie, déshydratée, le corps couvert de piqûres. Mais vivante.
Un choc, une erreur… et la survie à l’état brut
Tout a basculé lorsqu’elle a violemment heurté sa tête après avoir perdu le contrôle de son véhicule. Désorientée, victime probable d’un traumatisme crânien léger, elle prend une décision irréversible : quitter sa camionnette — pourtant remplie de provisions — pour chercher de l’aide. Sans carte, sans GPS ni boussole, elle s’est laissée guider par le soleil et son instinct.
Elle tente d’abord de sortir son van du sable à la main, en glissant des branches sous les roues. Échec. Puis elle s’éloigne. Trop. Dans cet environnement désertique, le moindre pas peut être une impasse. Chaque nuit devient un défi. Elle survit d’abord sur quelques restes, puis grâce à l’eau des flaques et de la pluie, dormant tantôt sous un arbre, tantôt dans une grotte.
Une renaissance humaine et symbolique
Dans un message transmis depuis son lit d’hôpital à Perth, Carolina a évoqué un bouleversement profond. “Avant l’accident, je ne savais pas où était ma place. Aujourd’hui, je me sens partie prenante de cette culture”, écrit-elle, exprimant sa reconnaissance envers les secours et la bienveillance des Australiens. Une façon de dire que la solidarité découverte dans cette épreuve a redonné un sens à sa vie.
Son message met en lumière la fragilité de l’humain face à la nature et la puissance d’un instinct de survie qui, chez certains, dépasse l’imaginable.
Une histoire qui fait écho à une autre aventure australienne
Le récit de Carolina Wilga évoque immanquablement celui de Daniel Dudzisz, un autre touriste allemand, également âgé de 26 ans, perdu dans le Queensland en 2014. Coincé entre deux bras d’une rivière en crue, privé de réseau et d’assistance, il avait survécu deux semaines en se nourrissant uniquement… de mouches. Un régime de fortune, certes, mais qui lui avait sauvé la vie.
La police australienne, à l’époque, avait salué le calme et l’ingéniosité du jeune homme, qui avait même refusé les soins à son sauvetage, préférant reprendre son aventure à pied, tel un pèlerin de l’Outback.
L’Outback, entre fascination et danger
Les vastes étendues de l’Australie centrale attirent chaque année des milliers d’aventuriers. Mais elles exigent une préparation sans faille. Le désert australien, aussi sublime qu’impitoyable, ne pardonne pas l’improvisation : conditions extrêmes, isolement, absence de réseau… Chaque erreur peut devenir fatale.
Carolina Wilga a eu de la chance. Et une force intérieure admirable. Son expérience rappelle, avec brutalité, que l’appel du grand large peut aussi devenir une épreuve initiatique. Et que parfois, se perdre, c’est se retrouver.