Il avait sauvé des vies, offert de l’espoir, et incarné l’abnégation au service des autres. Pourtant, Bruno, chien sauveteur au palmarès exceptionnel, a connu une fin atroce. Sa mort suscite une onde de choc dans toute l’Italie, bouleversée par cet acte de cruauté d’une rare lâcheté.
Bruno, un labrador de sept ans formé aux missions de sauvetage, a été retrouvé sans vie dans un centre de dressage à Tarente, dans les Pouilles. Gisant dans une mare de sang, il aurait, selon les premières constatations, ingéré une saucisse remplie de clous, un appât meurtrier préparé avec préméditation.
L’animal avait participé à neuf opérations de secours, retrouvant des personnes disparues – enfants, personnes âgées, personnes handicapées – dans des conditions souvent critiques. Une carrière d’une rare noblesse qui lui avait valu une décoration officielle remise par la Première ministre Giorgia Meloni elle-même.
Un crime qui révolte la classe politique italienne
La réaction ne s’est pas fait attendre. Giorgia Meloni a dénoncé un “acte ignoble, lâche et inacceptable”, tandis qu’Ignazio La Russa, président du Sénat, a évoqué “un acte barbare”. Le maire de Tarente, Piero Bitetti, a exprimé la stupeur de ses administrés face à ce qu’il qualifie de “crime inhumain”. Partout, l’émotion dépasse le cercle animalier : c’est une atteinte directe aux valeurs fondamentales de la société, disent les élus.
Une cible indirecte : le dresseur Arcangelo Caressa
Arcangelo Caressa, dresseur de Bruno, estime être la cible véritable de cet acte sordide. Il explique avoir récemment collaboré avec les forces de l’ordre pour libérer des animaux exploités dans des combats clandestins, ce qui lui a probablement valu des représailles. “Je me fais des ennemis tous les jours, confie-t-il au Corriere della Sera. Ce qu’ils ont voulu me faire passer, ils l’ont fait en tuant Bruno.”
Dans un contexte tendu, les autorités italiennes espèrent rapidement retrouver le ou les auteurs de cet empoisonnement prémédité. Une loi récente prévoit jusqu’à quatre ans de prison et 60.000 euros d’amende pour tout acte de torture ayant causé la mort d’un animal.
Un compagnon au service des plus fragiles
Bruno n’était pas un simple chien dressé. Il était un compagnon de mission pour les sauveteurs, un appui silencieux et précieux pour des familles en détresse. En 2021, il avait retrouvé un octogénaire porté disparu dans les montagnes. Il avait aussi découvert, avec délicatesse, le corps d’un petit garçon au bord d’un lac, aidant sa famille à faire son deuil.
“Il a fait plus de bien que bien des humains”, résume un bénévole des opérations de sauvetage avec qui il avait travaillé. Bruno incarnait l’exemple d’un engagement pur, sans réserve, ni reconnaissance attendue.
Une mort qui oblige à une réponse forte
Au-delà de l’émotion, cette affaire relance le débat sur la maltraitance animale et les moyens de lutte contre les violences organisées. De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer l’application stricte de la nouvelle législation, et même l’alourdissement des peines en cas de récidive ou de préméditation.
Bruno n’était pas qu’un chien. Il était un symbole vivant de courage, d’intelligence et d’empathie. Sa mort ne peut être une simple ligne dans un rapport d’enquête : elle doit servir d’électrochoc pour une société qui, à travers lui, a perdu une part de son humanité.