La dernière semaine du procès de Cédric Jubillar s’est ouverte ce lundi 13 octobre à Albi. Accusé du meurtre de son épouse Delphine, disparue dans la nuit du 15 décembre 2020, le trentenaire comparaît depuis plusieurs semaines devant la cour d’assises du Tarn. Cette ultime ligne droite est marquée par les expertises psychiatriques, au cœur des débats.
Le docteur Hequet, expert mandaté par la justice, a dressé un portrait psychologique nuancé et troublant de Cédric Jubillar. Selon lui, l’accusé présente une “dysharmonie de la personnalité”, avec des traits d’“intolérance à la frustration” et une “immaturité affective” persistante depuis l’adolescence. Malgré une insertion professionnelle et une vie de famille apparente, il resterait “psychorigide” et “méfiant”.
L’expert souligne également l’impact des blessures d’enfance dans la construction de l’homme qu’il est devenu : “On sous-estime généralement les conséquences des événements de la petite enfance.” Le psychiatre évoque un possible “effondrement personnel” au moment du divorce, sans toutefois établir de lien direct avec la disparition de Delphine.
Le poids d’un passé familial chaotique
Durant les entretiens, Cédric Jubillar s’est montré coopératif mais souvent sur la défensive. Le psychiatre a noté qu’il s’exprimait “avec une certaine crudité”, oscillant entre confiance excessive et replis soudains.
Son histoire personnelle apparaît marquée par des repères familiaux fragiles : un père absent, un beau-père violent, et une mère peu sanctionnante. “L’image masculine n’a pas été rassurante ni stable”, note le docteur Hequet. Un cadre familial qui aurait pu favoriser un sentiment de toute-puissance.
L’accusé garde pourtant un souvenir attendri de son grand-père, décrit comme un “papi gâteau”. “J’étais le prince”, aurait-il confié, avant d’éclater en sanglots à l’évocation de sa mort – le seul moment où il s’est réellement effondré pendant l’expertise.
Entre aplomb, dissimulation et absence de culpabilité
Le rapport du psychiatre révèle également une personnalité égocentrique et dominatrice. L’expert le décrit comme “très sûr de lui, parfois arrogant, jamais déstabilisé”. Il estime que son introspection reste limitée, et qu’il peut “faire preuve de dissimulation” lorsqu’il se sent mis en cause.
Autre observation frappante : l’absence de culpabilité apparente. Le spécialiste explique n’avoir “pas perçu chez lui de culpabilité névrotique, ni de questionnement moral profond”. Une posture qui, selon lui, s’accompagne d’une grande maîtrise émotionnelle, sauf lorsqu’il évoque ses souvenirs familiaux. Cette dernière semaine d’audience s’annonce cruciale. Cédric Jubillar doit encore être interrogé par les magistrats et les avocats, après la suspension de la séance de vendredi. Ses réponses seront scrutées de près, alors que la défense continue d’affirmer son innocence et que l’accusation s’appuie sur un faisceau d’indices toujours contesté.