Sous les dorures de l’Hôtel de Ville, la tension était palpable. Alors que l’affaire des frais de représentation d’Anne Hidalgo secoue toujours la capitale, un vent de colère a soufflé au Conseil de Paris. Les critiques se sont abattues sur la maire et son entourage, accusés d’avoir confondu gestion publique et confort personnel.
Les murs de la mairie ont vibré ce mercredi, non pas sous le marteau du protocole, mais sous les attaques verbales. Près d’un mois après les révélations de Mediapart sur les dépenses de représentation d’Anne Hidalgo, l’affaire est revenue au cœur du débat municipal. Autour de la maire, plusieurs élus d’arrondissement sont eux aussi épinglés pour des frais de fonctionnement jugés extravagants, atteignant parfois plusieurs dizaines de milliers d’euros. Dans ce climat explosif, Grégory Canal, conseiller du 15e arrondissement et membre du groupe de Rachida Dati, a pris la parole pour dénoncer une dérive qu’il qualifie de “morale dévoyée”.
Des dépenses jugées indécentes
« Madame la Maire, charité bien ordonnée commence par soi-même », a lancé Canal d’un ton cinglant, avant de pointer du doigt la lenteur d’Anne Hidalgo à publier ses propres notes de frais. Il l’accuse d’avoir tardé quatre ans à livrer ces documents aux associations citoyennes, tout en livrant ceux des maires d’arrondissement à la presse “en quelques heures”. Selon les chiffres évoqués, la maire aurait dépensé au moins 75 000 euros en vêtements et accessoires de luxe : des robes Dior à 6 320 €, un manteau Burberry à 3 067 €, ou encore une blouse à plus de 1 000 €. Des révélations qui, selon l’élu, « font vaciller la crédibilité morale » de la municipalité.
Quand les fonds publics servent le privé
Poursuivant son attaque, Grégory Canal a élargi le tir. Dans ces fameuses notes de frais, on retrouve, selon lui, “écouteurs, gadgets multimédias, jeux de société et souvenirs de vacances”, autant d’achats financés par l’argent des contribuables. « Franchement, tout cela sur des fonds publics ! On ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer », s’est-il indigné, déclenchant les applaudissements nourris du public présent dans la salle. L’élu a dénoncé une confusion “entre le confort personnel et les slogans moraux” de la mairie, fustigeant un exécutif qu’il juge désormais “coupé du réel”.
L’indignation prend un ton symbolique
Avec une verve mordante, Canal a poursuivi : « Le problème du costume de chevalier blanc, c’est qu’il tache énormément. Après 25 ans de pouvoir, ce qu’on constate, c’est la tartufferie ! ». Selon lui, l’équipe Hidalgo incarne “une cour décadente” plus qu’un exécutif municipal, incapable de faire preuve de sobriété à l’heure où les Parisiens affrontent une crise économique et sociale. Il a conclu par une image marquante : « Quand on distribue du pain aux pauvres l’après-midi et qu’on mange de la brioche le soir, c’est une honte. »
Le soutien immédiat de Rachida Dati
Cette charge n’est pas passée inaperçue. Rachida Dati, ministre démissionnaire et maire du 7ᵉ arrondissement, a salué l’intervention sur X, estimant qu’Hidalgo et son ancien premier adjoint Emmanuel Grégoire devraient “présenter leurs excuses pour avoir utilisé l’argent des Parisiens à des fins personnelles”. Elle a également rappelé qu’elle-même n’avait dépensé que quelques centaines d’euros sur une enveloppe annuelle de 50 000 €, un contraste qu’elle juge révélateur du “mépris de la majorité socialiste pour la rigueur et l’exemplarité”.
Une affaire qui fragilise encore un peu plus Hidalgo
L’onde de choc provoquée par ces révélations continue de fissurer l’image d’Anne Hidalgo, déjà affaiblie par les polémiques entourant sa gestion financière et ses ambitions internationales. Le débat sur l’éthique publique à Paris s’intensifie, et les appels à la transparence se multiplient. Dans les travées du Conseil, certains élus parlent déjà d’un “tournant moral” pour la capitale. Une chose est certaine : la maire de Paris, longtemps considérée comme indéboulonnable, voit désormais son autorité contestée jusque dans les rangs de sa propre majorité.
 












