Les vacances de la Toussaint sont souvent synonymes de détente pour les enfants, mais elles représentent un véritable casse-tête pour les parents.
Trouver une solution de garde devient une mission délicate, surtout lorsque les grands-parents, autrefois pilier du soutien familial, refusent de jouer les baby-sitters. Vendredi dernier marquait le début des vacances de la Toussaint, période redoutée par de nombreux parents. Deux semaines sans école, à jongler entre travail, organisation et garde d’enfants. Traditionnellement, le premier réflexe est de faire appel aux grands-parents, souvent perçus comme le relais naturel. Mais cette année, la solidarité familiale semble s’essouffler.
En France, selon l’Insee, 15 millions de grands-parents composent ce maillon essentiel de la chaîne familiale, pourtant de plus en plus nombreux à décliner cette responsabilité.
Une génération de retraités qui revendique sa liberté
Jean-François, retraité installé à Royan, résume avec humour un sentiment partagé : « On n’est plus à la page ! » À 70 ans passés, il apprécie ses moments de tranquillité au bord de la mer, loin des obligations. Garder sa petite-fille de 5 ans une fois par an, d’accord, mais pas plus. « Ma petite-fille, c’est un bulldozer ! », raconte-t-il en riant, expliquant qu’en quelques secondes d’inattention, elle file déjà dans l’eau.
Pour lui, ce phénomène a un nom : le “chic’ouf” — « chic quand elle vient, ouf quand elle repart ». Une expression qui fait sourire, mais qui traduit surtout le besoin d’autonomie d’une génération de grands-parents plus actifs, plus mobiles et moins enclins à assumer un rôle de nounou.
Entre fatigue et volonté de profiter de la retraite
La compagne de Jean-François abonde : « On n’a plus la même résistance. » Une phrase simple mais révélatrice. Les retraités d’aujourd’hui voyagent, pratiquent des activités culturelles ou sportives, et revendiquent leur droit à une retraite choisie, non imposée par les contraintes familiales. Ils veulent être grands-parents “plaisir”, pas “service”.
Ce constat est d’autant plus marquant que les rythmes de vie ont évolué. Les parents travaillent davantage, parfois à des horaires atypiques, tandis que les grands-parents prolongent leur vie sociale. Le temps où la garde des petits-enfants était une évidence semble bel et bien révolu.
Des parents désemparés face au désengagement
Clément, père de deux enfants de 4 et 8 ans, illustre cette difficulté. Faute de solution, il a décidé de les emmener avec lui. « Ce n’est pas les grands-parents, parce que pile ce week-end, ils avaient danse », raconte-t-il, un brin amer. Pour lui, ce refus est perçu comme un désintérêt : « C’est égoïste, et quand ils les gardent, ce n’est pas avec plaisir, c’est par obligation. »
Une situation qui crée des tensions dans certaines familles. Là où la solidarité intergénérationnelle semblait naturelle, la fatigue, l’envie de liberté et la distance géographique sont désormais des freins majeurs.
Un changement de modèle familial assumé
Selon plusieurs sociologues, cette évolution traduit une transformation sociétale profonde. Les grands-parents d’aujourd’hui refusent d’endosser un rôle imposé par les générations précédentes. Ils ont élevé leurs enfants, travaillé toute leur vie, et estiment avoir gagné le droit de profiter pleinement de leur temps.
« Ils ont fait des enfants, pas des petits-enfants », résume un expert cité par RMC. Une formule percutante qui illustre la redéfinition du lien familial à l’heure où chaque génération revendique son indépendance.