Derrière le rire des « Bronzés » se cachent parfois des tensions. C’est ce que révèle aujourd’hui le réalisateur Patrice Leconte, en livrant une anecdote étonnante sur Michel Blanc, bien loin de l’image bonhomme de Jean-Claude Dusse.
Le nom de Michel Blanc reste indissociable du personnage mythique de Jean-Claude Dusse, dragueur maladroit au cœur des « Bronzés ». Mais sa carrière ne se limite pas à cette saga culte : des décennies de cinéma, des rôles variés, une reconnaissance artistique incontestée. Pourtant, selon Patrice Leconte, l’un de ses plus fidèles collaborateurs, tout ne fut pas toujours aussi fluide derrière la caméra.
Invité sur Europe 1 ce lundi 9 juin 2025, le réalisateur a évoqué un tournage difficile avec l’acteur : celui du film Les Grands Ducs, sorti en 1996. Malgré une distribution exceptionnelle et une réception chaleureuse du public, l’ambiance sur le plateau aurait été tendue, et Michel Blanc n’y était pas étranger.
« Il est parfait dans le film, mais pendant le tournage, il était franchement odieux », lâche Patrice Leconte sans détour au micro de Thomas Isle. Avant d’ajouter : « Je ne sais pas ce qu’il avait. Il ne devait pas être dans son assiette. Ce n’était pas le Michel que je connaissais. »
Une attitude qui n’est pas passée inaperçue
Ce comportement inhabituel n’a pas seulement surpris le réalisateur. Trois monstres sacrés du cinéma français, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort et Philippe Noiret, tous partenaires de Michel Blanc dans Les Grands Ducs, se seraient plaints directement à Patrice Leconte.
« Ils me disaient : ‘Mais qu’est-ce qu’il a Michel ? Pourquoi il est comme ça ?’ » rapporte le cinéaste. Une ambiance pesante donc, sur un tournage qui, paradoxalement, donnait à voir à l’écran une comédie douce-amère sur des acteurs cabossés par la vie, réunis dans une dernière tournée théâtrale.
Pour autant, le réalisateur préfère retenir le résultat final plutôt que les états d’âme de l’acteur. « Ce qui compte, c’est ce qu’on voit à l’écran. Et là, Michel était impeccable. Mais humainement, c’était un moment étrange, un peu sombre. »
Un hommage teinté de franchise
Michel Blanc est décédé le 3 octobre 2024, laissant derrière lui une carrière impressionnante, jalonnée de succès populaires et de rôles plus introspectifs. Son tempérament réservé, parfois jugé difficile, a souvent été évoqué dans les milieux du cinéma sans jamais éclabousser sa réputation d’acteur exigeant.
Avec ce témoignage, Patrice Leconte ajoute une nuance à l’image publique du comédien. Non pas pour ternir sa mémoire, mais peut-être pour rappeler que les plus grands artistes traversent aussi des phases d’ombre, que les tournages peuvent être des lieux de fragilité, d’angoisse, et que derrière la justesse d’un jeu peut se cacher un être en plein désarroi.