Alors que son éviction avait secoué Radio France en 2024, Guillaume Meurice revient cette fois devant les prud’hommes pour contester un licenciement jugé abusif par ses soutiens.

Au-delà de son cas personnel, l’audience ravive un débat central : peut-on congédier un humoriste pour des propos que la justice n’a pas jugés pénalement répréhensibles ? L’humoriste, figure familière de France Inter, avait été congédié en juin 2024 après avoir qualifié à deux reprises Benjamin Netanyahu de « nazi sans prépuce ». Ce limogeage, motivé par une “faute grave”, avait créé de fortes tensions au sein de la station, où de nombreux salariés voyaient dans cette décision un précédent inquiétant pour la liberté d’expression.
Une polémique née dans le contexte brûlant de la guerre à Gaza

Les propos initiaux de Guillaume Meurice remontent à novembre 2023, quelques semaines après l’attaque du Hamas. Radio France lui avait alors adressé un avertissement, et l’Arcom avait mis en garde la radio. Accusé d’antisémitisme et brièvement entendu par la police, Meurice avait finalement vu l’enquête classée sans suite, faute d’infraction caractérisée.
La récidive qui a précipité sa mise à pied
Estimant être « blanchi » par la justice, l’humoriste avait répété ses propos en avril 2024. Cette réitération a été perçue par la direction comme un acte de défiance. Suspendu, il avait finalement été renvoyé pour « déloyauté répétée ». La présidente de Radio France, Sibyle Veil, reprochait à Meurice d’avoir ignoré les avertissements et compromis la relation de confiance avec l’entreprise.
Quand la question devient politique

Âgé de 44 ans, l’humoriste avait dénoncé une sanction motivée, selon lui, par un climat idéologique hostile. Il y voyait une « victoire de l’extrême droite » et accusait la direction de céder à une forme de censure. Plusieurs chroniqueurs avaient même quitté France Inter en signe de solidarité, rejoignant Meurice sur Radio Nova, où il anime depuis septembre 2024 une émission dominicale.
Un procès présenté comme décisif
Devant les prud’hommes, Guillaume Meurice conteste toute faute professionnelle. Il estime que son renvoi viole le droit du travail ainsi que la liberté d’expression des humoristes. Son avocat, Me Hugues Dauchez, demande l’annulation du licenciement et réclame plusieurs dizaines de milliers d’euros d’indemnisation, ainsi que la requalification en CDI de la relation contractuelle.
Le problème des contrats d’usage
L’affaire met aussi en lumière une pratique répandue à Radio France : l’utilisation massive des CDD d’usage. Selon l’avocat, Meurice aurait signé près de 250 contrats en douze ans, un volume qui, d’après lui, contrevient aux règles encadrant ce type de recours. Le dossier pourrait ainsi dépasser la seule question de la liberté d’expression pour interroger le fonctionnement structurel de l’audiovisuel public.










