Entre silences calculés et signaux savamment distillés, Sarah Knafo cultive l’art du suspense politique. Officiellement indécise, officieusement très observée, l’eurodéputée de Reconquête laisse planer l’hypothèse d’une candidature à la mairie de Paris. Une éventualité qui inquiète déjà ses adversaires et pourrait rebattre les cartes à droite comme à l’extrême droite.

Sarah Knafo n’a rien annoncé, mais tout indique qu’elle avance ses pions. À l’image d’Éric Zemmour lors de la présidentielle de 2022, l’eurodéputée prend son temps, laissant filtrer l’idée d’une décision déjà largement mûrie. Dans son entourage, on parle d’une « inclination », d’une décision attendue « avant Noël », tout en laissant à l’intéressée le soin de jouer la montre. Officiellement, elle observe, écoute, lit les programmes et se laisse jusqu’à la rentrée pour trancher.
Alors que Rachida Dati pour la droite et Thierry Mariani pour le Rassemblement national sont déjà lancés, l’éventuelle entrée en lice de Sarah Knafo est scrutée avec attention. L’eurodéputée doit rencontrer des militants à Paris, alimentant encore un peu plus les spéculations. À gauche comme à droite, les états-majors s’inquiètent : une candidature Knafo pourrait profondément déséquilibrer la campagne municipale.

Une menace directe pour la droite parisienne
Dans l’entourage d’Emmanuel Grégoire, le candidat socialiste, la vigilance est maximale. Certains estiment que Sarah Knafo pourrait dépasser les 10 % dès janvier, siphonnant à la fois le RN et une partie de l’électorat de droite. Son implantation supposée dans l’Ouest parisien, notamment dans les XVIᵉ et XVIIᵉ arrondissements, nourrit ces craintes. Des territoires où le RN a toujours peiné, mais où Éric Zemmour avait réalisé des scores significatifs à la présidentielle.
Sarah Knafo bénéficie d’une visibilité sans commune mesure avec son poids électoral. Souvent décrite comme l’enfant chérie de Vincent Bolloré, elle a multiplié les couvertures médiatiques, notamment dans le JDNews. Une omniprésence qui suscite jalousies et crispations au sein de l’extrême droite. Jordan Bardella aurait peu goûté de se voir supplanté en Une le jour même du lancement de son livre, symbole d’une rivalité feutrée mais bien réelle.
Une figure qui fait vendre et intrigue

Au-delà des plateaux télé, Sarah Knafo est devenue un produit médiatique rentable. Le hors-série que Valeurs actuelles lui a consacré, fort de 68 pages, s’est écoulé à près de 14 000 exemplaires, un record depuis 2023. Cette capacité à capter l’attention conforte l’idée qu’elle pourrait transformer une candidature municipale en tremplin politique bien plus large.
La dynamique actuelle doit aussi beaucoup aux faiblesses de ses concurrents. Le lancement de campagne jugé terne de Thierry Mariani n’a pas rassuré, y compris au sein du RN. En interne, il est de notoriété publique que Marion Maréchal avait, en début d’année, proposé sa candidature à Paris, sondages prometteurs à l’appui. Une offre fraîchement accueillie par Marine Le Pen et Jordan Bardella, laissant Mariani dans une posture inconfortable.
Sarah Knafo a observé attentivement ces mouvements. En novembre, elle s’est même enquise directement auprès de Mariani de ses intentions, tout en sondant la possibilité d’un retour de Marion Maréchal dans la course. Depuis mi-décembre, le doute semble levé. L’absence d’un candidat RN solide dans l’Ouest parisien renforce l’idée qu’un espace électoral reste à conquérir.
Dans l’entourage de l’eurodéputée, le calcul est clair. Faire 7 % serait déjà une réussite, atteindre 10 % relèverait de l’exploit, estime un proche. Un score de cette ampleur pourrait offrir à Sarah Knafo bien plus qu’une simple visibilité municipale. À terme, certains lui prêtent des ambitions nationales, voire présidentielles, dans un paysage où le RN laisse volontairement ou non des espaces vacants.










