Invitée de l’émission « Sept à Huit », Corinne Masiero a offert un témoignage d’une rare intensité. Face à Audrey Crespo-Mara, l’actrice s’est replongée dans son enfance, évoquant sans filtre les humiliations, la conscience sociale et les discriminations qui ont profondément façonné sa personnalité et son engagement.
Au cours de l’entretien, Corinne Masiero a expliqué comment son éveil politique s’est construit très tôt, dans un environnement où la solidarité ouvrière dominait. Interrogée sur un passage de son livre évoquant des votes « rouge coco », elle décrit un univers marqué par l’affrontement entre « méchants » et « gentils », selon la lecture enfantine qu’elle en avait. Pour elle, les plus faibles étaient ceux qui travaillaient dur sans bénéficier du pouvoir économique, tandis que les « méchants » représentaient ces patrons des grandes industries textiles ou automobiles, responsables d’une oppression bien réelle dans les milieux populaires.
Une prise de conscience brutale à l’école
L’actrice raconte ensuite un moment charnière : son arrivée au collège. Elle y découvre violemment le mépris de classe, en réalisant que son patois, si naturel dans son village, est jugé « sale » par certains enseignants. Ce rejet linguistique, profondément humiliant, a laissé une trace durable. Apprendre soudain que sa manière de parler la rendrait “indigne” ou inférieure a constitué pour elle un véritable choc culturel, révélant une hiérarchie sociale qu’elle ignorait jusqu’alors.
Le poids du mépris dans la construction personnelle
Ce sentiment d’infériorité imposée réapparaît lorsqu’elle évoque la manière dont les élites perçoivent les milieux populaires. Corinne Masiero raconte avoir grandi dans un monde considéré comme “moins que rien”, où les habitants du village, les familles ouvrières et leurs enfants étaient dénigrés sans nuance. Elle raconte avec émotion combien cette stigmatisation, reçue « dans les dents », marque pour longtemps et nourrit un rapport douloureux à soi-même. Cette violence sociale, dit-elle, continue de modeler durablement ceux qui la subissent.
Une colère assumée contre le regard condescendant
L’entretien atteint son intensité maximale lorsqu’elle évoque les remarques sur l’accent méridional. Elle dénonce la condescendance qui consiste à trouver “mignon” un accent tout en méprisant ceux qui le portent, une attitude qu’elle renvoie avec dureté et franchise. Son agacement éclate lorsqu’elle lâche, excédée : « Va te faire foutre ». Un cri du cœur, dirigé non contre l’intervieweuse, mais contre un système de jugements dévalorisants qu’elle combat depuis l’enfance.













