En publiant Le Journal d’un prisonnier, Nicolas Sarkozy livre un témoignage rare : vingt jours de détention racontés à la première personne, entre introspection politique, colère judiciaire et confidences inattendues. L’ancien chef de l’État y expose son quotidien derrière les barreaux, mais aussi sa vision du paysage politique et de ses alliances futures.

Incarcéré sous le numéro d’écrou 320535, Nicolas Sarkozy raconte avec précision la cellule de 12 m² où il est entré le 21 octobre 2024. Il détaille le matelas « si dur » qu’une table lui aurait paru plus souple, les barquettes de nourriture au « parfum suffocant », et son régime improvisé : laitages, jus de pomme, barres de céréales.
À cette routine austère s’ajoute la « monotonie grise » d’une prison bruyante, troublée seulement par les visites familiales, les entretiens avec ses avocats ou encore une rencontre avec le garde des Sceaux Gérald Darmanin.
Ses deux échappatoires ? L’écriture, et ses séances de sport quotidiennes, seul, avec un rameur, un vélo et un tapis de course. La prière s’y ajoute également. Quant à son premier soir derrière les murs, il le qualifie de « miracle » : un match du PSG diffusé sur Canal+ depuis Leverkusen.
Une ouverture politique qui surprend

L’un des passages les plus commentés du livre est l’échange entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. L’ancienne candidate lui demande s’il participerait à un « front républicain » contre le RN. La réponse est un non catégorique.
Il écrit :
« Ma réponse fut sans ambiguïté : non, et je l’assumerai publiquement le moment venu. »
Pour lui, la reconstruction de la droite passe par un « rassemblement sans exclusive ». Exclure le RN du champ républicain serait, selon lui, une « erreur ».
Une prise de position qui marque un tournant majeur dans son discours.
Réglages de comptes et fidélités politiques
Tout au long des 213 pages, Nicolas Sarkozy dresse un tableau sans filtre de sa famille politique. Michel Barnier, décrit comme l’un des seuls à lui avoir rendu visite en prison, reçoit des éloges. Henri Guaino également, pour son soutien moral.
En revanche, Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez ou encore une partie du parti Les Républicains, sont pointés du doigt pour un soutien jugé trop timide, voire insuffisant. Il félicite toutefois Gérard Larcher, plus ferme dans ses critiques publiques sur son incarcération.
Un éloignement assumé avec Emmanuel Macron

Sarkozy relate plusieurs échanges avec le président en exercice avant son incarcération. « Je n’avais rien à lui dire », écrit-il.
Il revient notamment sur le retrait de sa Légion d’honneur, qu’il a vécu comme une humiliation :
– Macron ne l’a pas prévenu personnellement,
– puis s’est excusé, reconnaissant avoir « mal géré les choses ».
Nicolas Sarkozy dit avoir accepté les excuses… sans pour autant renouer l’amitié passée. Il annonce avoir tourné la page, mais sans entrer dans une opposition frontale.
La justice, une blessure toujours vive
L’ancien président consacre plusieurs pages à ce qu’il considère comme une « dérive judiciaire ».
Il critique :
– le Syndicat de la magistrature,
– la présidente du tribunal qui l’a condamné,
– l’exécution provisoire,
– sa détention décrite comme « d’une brutalité inouïe ».
« On est bien loin du respect dû à tout justiciable », écrit-il, se présentant comme victime d’une décision qu’il juge incohérente et injuste.
Il affirme enfin œuvrer « pour sa réhabilitation complète ».









