
Un Excès De Vitesse Ordinaire Aux Conséquences Extraordinaires
Lausanne, août 2024. Une rue limitée à 50 km/h comme tant d’autres. Un flash de radar qui semble anodin. Pourtant, cette fraction de seconde va coûter 85 000 euros à un automobiliste français.
La scène est banale : 77 km/h au compteur, soit 27 km/h au-dessus de la limite autorisée après correction technique du radar. En France, cet excès de vitesse vaudrait au maximum 1 500 euros d’amende, 3 750 euros en cas de récidive. Mais nous sommes en Suisse, où les règles du jeu changent drastiquement.
Le multimillionnaire français installé à Lausanne découvre à ses dépens que nos voisins helvètes ne plaisantent pas avec la vitesse. Dès 25 km/h de dépassement en ville, l’infraction devient « grave » selon la législation suisse. Un seuil franchi de seulement 2 km/h qui transforme une contravention ordinaire en affaire judiciaire.
Le contraste saisit : 27 km/h de trop, une amende record de 85 000 euros. Cette somme astronomique n’est pas le fruit d’un calcul arbitraire, mais l’application rigoureuse d’un système pénal qui fait trembler les portefeuilles les mieux garnis. Car en Suisse, la fortune de l’auteur détermine directement le montant de sa sanction.
Une logique implacable qui révèle toute la philosophie punitive helvète face aux excès routiers.

La Suisse, Paradis Fiscal Mais Enfer Routier
Cette philosophie punitive helvète repose sur l’un des systèmes les plus implacables d’Europe. En Suisse, dépasser de 40 km/h la vitesse autorisée vous transforme automatiquement en « chauffard » aux yeux de la loi. Une qualification qui ouvre la porte à des sanctions redoutables.
Les chiffres glacent : jusqu’à quatre ans de prison ferme, retrait immédiat du permis, confiscation pure et simple du véhicule. Certains « chauffards » voient leur voiture directement envoyée à la casse, sans appel possible. Une approche radicale qui fait de la Confédération l’un des pays les plus répressifs au monde en matière routière.
Le système des jours-amende pousse cette logique à l’extrême. Entre 3 et 180 jours-amende selon la gravité, avec un tarif journalier oscillant de 30 à 3 000 francs suisses. Un calcul savant qui transforme chaque infraction en équation personnalisée.
Pour notre multimillionnaire français, trois mois de retrait de permis automatique accompagnent sa facture salée. Une « dénonciation » judiciaire qui le mène directement devant le juge, sans possibilité d’arrangement à l’amiable.
Cette sévérité assumée reflète une vision : frapper fort pour dissuader efficacement. Les routes suisses comptent parmi les plus sûres d’Europe, statistiques à l’appui. Le prix de cette sécurité ? Des amendes qui peuvent ruiner même les plus fortunés.

Quand La Fortune Détermine L’Amende : Justice À Deux Vitesses ?
Cette logique de ruiner les plus fortunés trouve sa source dans l’article 34 du Code pénal suisse. Un texte révolutionnaire qui brise le principe d’égalité devant l’amende. Le juge « fixe le montant du jour-amende selon la situation personnelle et économique de l’auteur », prenant en compte revenus, fortune, mode de vie et obligations familiales.
Notre automobiliste français figure parmi les 300 personnalités les plus riches du pays selon le magazine Bilan. Sa fortune ? Plusieurs centaines de millions de francs suisses. Une richesse qui transforme une infraction banale en jackpot pour l’État.
Le calcul devient implacable : 40 jours-amende à 2 000 francs suisses chacun. 80 000 francs suisses au total, soit près de 85 000 euros. Un montant qui représente l’équivalent de plusieurs années de salaire pour un citoyen ordinaire, mais quelques jours de revenus pour ce multimillionnaire.
Cette justice proportionnelle divise. Ses défenseurs y voient l’égalité réelle : même impact dissuasif pour tous, riches comme pauvres. Ses détracteurs dénoncent une discrimination par l’argent, où l’identité bancaire détermine la sanction.
La Suisse assume cette philosophie radicale. Ici, votre portefeuille dicte votre amende. Un système qui fait de chaque excès de vitesse une loterie inversée où les gagnants au Loto deviennent les perdants de la route.

Un Récidiviste Millionnaire Qui Ne Retient Pas La Leçon
Mais cette loterie inversée révèle une réalité encore plus troublante. Ce multimillionnaire français n’en est pas à son premier coup d’éclat sur les routes suisses. 24 Heures révèle que le même homme a déjà été condamné il y a huit ans exactement pour la même infraction.
À l’époque, la justice helvétique lui avait déjà infligé une sanction record : 60 000 francs d’amende assortie d’un sursis de deux ans, plus une amende immédiate de 10 000 francs. Au total, 70 000 francs suisses pour un premier excès de vitesse. Une somme qui aurait dû marquer les esprits, même les plus fortunés.
Apparemment pas suffisamment dissuasive. Huit années plus tard, le voilà de nouveau flashé au même endroit, dans les mêmes conditions. La récidive transforme l’anecdote en révélateur : même ruiné à coups d’amendes astronomiques, certains multimillionnaires persistent dans leurs habitudes.
Le contraste avec la France saute aux yeux. Chez nous, l’amende maximum plafonne à 1 500 euros pour un grand excès de plus de 50 km/h. En cas de récidive dans les trois ans ? 3 750 euros tout au plus. Soit 23 fois moins que cette nouvelle condamnation suisse.
Cette affaire pose une question vertigineuse : à partir de quelle somme la dissuasion devient-elle réellement efficace ? Pour ce récidiviste doré, manifestement pas avant les six chiffres.