Le gouvernement a pris une toute nouvelle mesure contre les violences morales, sexistes et sexuelles dans les établissements hospitaliers, notamment universitaires. Il a demandé aux hôpitaux ayant des fresques pornographiques ou sexistes dans leurs salles de garde de les supprimer, « en concertation » avec les internes, selon une instruction ministérielle que l’AFP a obtenue mercredi 25 janvier. Une décision qui fait partie de la « politique de tolérance zéro » déployée face aux « violences morales ou sexuelles à l’encontre des étudiants en santé », précise cette instruction de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS).
Cette notice, datant du 17 janvier et révélée par le site d’information Hospimedia, insiste sur le fait que « plusieurs contentieux clos ou en cours » ont ciblé des fresques. Ainsi, en décembre 2021, à Toulouse, le tribunal administratif a ordonné le retrait de certaines décorations présentes dans les salles de garde du CHU de la ville, au nom de la « dignité des femmes ».
A Clermont-Ferrand, en 2015, une fresque murale imitant un viol collectif entre super-héros avait suscité la polémique, avant d’être retirée. Depuis cette date, des hôpitaux ont spontanément retiré ou modifié des fresques murales, « parfois dans un climat d’opposition des résidents », relève le document ministériel.
L’ARS peut se prononcer en cas de désaccord.
Aujourd’hui encore, certains « carabins » (étudiants en médecine) demeurent accrochés aux représentations coquines et grotesques d’une tradition dont l’origine et la signification ont été décrites dans plusieurs ouvrages. On trouve encore des « fresques carabines » à caractère sexuel au sein de certains établissements.
Notant l’absence de consensus sur le sujet, le ministère de la Santé demande aux hôpitaux concernés d' »organiser le retrait de toutes les fresques pornographiques et sexistes dans un délai permettant la concertation » avec le personnel soignant. En cas de désaccord persistant, ce sont les agences régionales de santé qui pourront « imposer » le retrait de ces peintures.
Sollicité par l’AFP, le syndicat national des internes (Isni) ne se prononce pas contre ces directives mais demande que « des moyens soient dégagés » afin d’assurer la conservation des fresques d’intérêt patrimonial, par exemple au sein des musées hospitaliers, comme cela existe déjà.
Au-delà, « nos salles de garde doivent rester des lieux de vie : ces rares endroits où les internes peuvent exorciser un quotidien qui n’est pas facile ne doivent pas être aseptisés », insiste Olivia Fraigneau, présidente d’Isni.
Cette responsable appelle surtout les autorités à « saisir l’opportunité de rénover enfin les internats et ne plus ignorer les conditions désastreuses dans lesquelles sont logés les internes ».