Icône planétaire du reggae, Max Romeo a marqué plusieurs générations avec des textes à la fois mystiques, contestataires et provocants.
Décédé à 80 ans, il laisse derrière lui un héritage musical immense, jalonné de combats politiques, de polémiques artistiques et d’hymnes inoubliables, dont le légendaire « Chase the devil ».
Un enfant de la Jamaïque devenu voix du reggae mondial
Né Maxwell Livingston Smith, Max Romeo a grandi au cœur de la Jamaïque rurale, dans les champs de canne à sucre où il travaillait avant de devenir l’une des voix les plus marquantes du reggae. Dès les années 1960, il se fait remarquer au sein du groupe The Emotions, mêlant reggae, balades amoureuses et conscience sociale. Ce sont ses débuts qui forgeront le pseudonyme de « Max Romeo », un nom devenu synonyme d’engagement musical.
Une carrière solo marquée par la censure
C’est en 1969 que le monde découvre véritablement Max Romeo avec la sortie sulfureuse de « Wet Dream », un titre rapidement censuré au Royaume-Uni. La BBC, choquée par les paroles jugées trop explicites, refuse de le diffuser. Pourtant, le morceau devient un succès populaire, symbole de cette ambivalence entre provocation et liberté d’expression qui accompagnera toute sa carrière. Ce scandale médiatique l’installe définitivement dans le paysage reggae international, en tant qu’artiste aussi audacieux que controversé.
Une conscience rasta et politique
À partir des années 1970, Max Romeo rejoint le mouvement rastafari, qui influencera profondément sa musique. Fini les chansons suggestives : l’heure est à la dénonciation des injustices et à l’appel à la spiritualité. Dans « Let the power fall on I », il réclame plus de justice sociale et signe un hymne qui deviendra le chant de campagne du Parti national du peuple, formation politique de gauche en Jamaïque. Sa voix devient celle des opprimés, mêlant prophétie biblique et revendication populaire dans un style singulier.
L’apogée avec « War Ina Babylon »
Son sommet artistique est atteint en 1976 avec l’album « War Ina Babylon », considéré comme un chef-d’œuvre du reggae roots. Les titres « One Step Forward » et surtout « Chase the Devil » deviennent des classiques intemporels. Ce dernier, en particulier, traverse les générations, samplé par des artistes de renom comme Jay-Z, et demeure l’un des morceaux les plus emblématiques du reggae engagé. Max Romeo y déploie toute la puissance de son message mystique et militant, devenant une référence absolue du genre.
En 2023, Max Romeo tire sa révérence avec une ultime tournée européenne. La scène française, allemande et italienne l’accueille une dernière fois, dans une atmosphère à la fois festive et crépusculaire. Toutefois, la fin de son parcours est assombrie par un conflit judiciaire : l’artiste accuse ses anciens labels, Universal Music Group et Polygram Publishing Inc, de ne pas lui avoir versé de droits d’auteur pendant des années. Il réclamera 15 millions de dollars, dénonçant l’exploitation financière dont il se seraitime victime.