La scène politique française vit décidément au rythme des rebondissements. Alors que la crise institutionnelle semblait atteindre un point de rupture, Sébastien Lecornu a surpris tout le pays en présentant sa démission à Emmanuel Macron… avant d’être reconduit, deux jours plus tard, à la tête du gouvernement.
Une volte-face inédite qui illustre la fragilité de l’exécutif, mais aussi la détermination du Premier ministre à s’imposer comme figure de stabilité. Le jeune chef du gouvernement n’aura tenu que 27 jours à Matignon avant de rendre les armes. “Être Premier ministre est une tâche difficile, sans doute encore un peu plus difficile en ce moment. Mais on ne peut pas l’être lorsque les conditions ne sont pas réunies”, avait-il justifié dans un message publié sur X.
Sa démission a provoqué un véritable séisme politique. Dans les rangs de l’opposition, certains réclamaient la dissolution de l’Assemblée nationale, d’autres appelaient directement à la démission d’Emmanuel Macron. L’exécutif, déjà affaibli par une série de tensions budgétaires et sociales, semblait vaciller.
Un retour express à Matignon
Contre toute attente, Sébastien Lecornu est rappelé par le chef de l’État à l’issue de deux jours de tractations. Emmanuel Macron, soucieux d’éviter un vide institutionnel, lui confie une nouvelle mission : former un gouvernement plus resserré et ramener l’ordre dans une majorité fracturée.
“J’accepte — par devoir — la mission qui m’est confiée de tout faire pour donner un budget à la France et répondre aux problèmes du quotidien”, a-t-il déclaré le 10 octobre sur X. Son objectif affiché : “mettre fin à cette crise politique qui exaspère les Français” et restaurer la crédibilité d’un gouvernement chahuté.
L’ombre d’un surnom signé Nicolas Sarkozy
Mais derrière cette reconduction solennelle se cache une anecdote cocasse. Sébastien Lecornu traîne depuis des années un surnom aussi moqueur qu’affectueux : “Lecornichon”. L’origine remonte à 2015, lorsqu’il rencontre Nicolas Sarkozy peu après son élection dans l’Eure.
L’ancien président, ne parvenant pas à retenir son nom, l’aurait surnommé ainsi pour plaisanter, selon Le Parisien. Le sobriquet, relayé par Carla Bruni et plusieurs cadres de la droite, a fini par s’imposer dans les cercles politiques, de Bruno Le Maire à Édouard Philippe.
Une blague devenue marque de fabrique
Jusqu’ici perçu comme une boutade sans conséquence, le surnom pourrait désormais prendre une tout autre tournure. À l’image de François Hollande appelé “Flamby” ou de Nicolas Sarkozy rebaptisé “Speedy Gonzales”, les surnoms politiques ont souvent la vie longue et parfois la dent dure.
S’il préfère ne pas réagir à cette taquinerie, Sébastien Lecornu sait que la dérision fait partie du jeu politique. L’enjeu, désormais, sera de ne pas laisser cette image dévalorisante parasiter son action à Matignon. Car si le surnom prête à sourire, la mission qui l’attend — rétablir la confiance et stabiliser le pays — s’annonce, elle, autrement plus sérieuse.