Le nouvel acte parlementaire s’ouvre sur une séquence lourde de symboles. Alors que la composition du gouvernement se fait attendre, le Rassemblement national a retrouvé deux vice-présidences au Bureau de l’Assemblée nationale, grâce aux voix du bloc central.
Dès le premier tour de scrutin, les députés RN Sébastien Chenu (341 voix) et Hélène Laporte (340 voix) ont repris les vice-présidences qu’ils occupaient déjà entre 2022 et 2024. Ce poste, qui permet de présider les débats depuis le perchoir, offre une visibilité institutionnelle inédite au RN, désormais légitimé comme force parlementaire. Marine Le Pen a salué une victoire au nom de ses « onze millions d’électeurs », estimant que leurs idées avaient enfin droit au respect dans l’hémicycle.
Un jeu d’équilibre entre groupes
Les insoumises Clémence Guetté et Nadège Abomangoli, cette dernière devenant première vice-présidente, ont également conservé leur place, avec 501 voix chacune. Christophe Blanchet (MoDem) et Marie-Agnès Poussier-Winsback (Horizons) complètent la liste des six vice-présidents. Mais certains y perdent : les Écologistes voient disparaître leur siège, tout comme Renaissance et Les Républicains. Un rééquilibrage voulu par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée, qui plaidait depuis des mois pour une répartition proportionnelle aux forces en présence.
Une gauche vent debout contre le RN
Cette nouvelle donne a suscité une levée de boucliers. « Nous regrettons que des députés RN aient pu être élus grâce à ceux qui avaient participé au front républicain lors des législatives anticipées », a dénoncé Mélanie Thomin, porte-parole du Parti socialiste. L’écologiste Jérémie Iordanoff est allé plus loin, parlant d’un accord « extrêmement grave » entre le bloc central et l’extrême droite. À gauche, la réintégration du RN au Bureau est vue comme une brèche inquiétante dans le cordon sanitaire qui tenait jusque-là.
Les autres postes confirmés
Dans un climat moins conflictuel, les trois questeures sortantes – Christine Pirès Beaune (PS), Michèle Tabarot (LR) et Brigitte Klinkert (Renaissance) – ont été reconduites sans difficulté. Elles conservent la responsabilité de la bonne gestion financière de l’Assemblée. Jeudi matin, les députés désigneront douze secrétaires pour compléter le Bureau.
La suite : commissions et bras de fer politique
Les regards se tournent déjà vers les élections des présidences des commissions permanentes, prévues jeudi après-midi. La commission des Finances, détenue par Éric Coquerel (LFI), cristallise les tensions. Le RN pourrait jouer un rôle d’arbitre dans ce nouvel équilibre, au moment où l’Assemblée s’apprête à rouvrir ses travaux le 6 octobre. Dans la foulée, le Premier ministre Sébastien Lecornu devra affronter une motion de censure déposée par LFI, et peut-être une seconde du PS, en fonction de l’issue de la rencontre prévue vendredi.