Alors qu’un vaste appel à bloquer le pays le 10 septembre gagne en intensité sur les réseaux sociaux, Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise, prend position. Loin d’un mouvement d’extrême droite, selon lui, cette mobilisation serait le reflet d’un mécontentement populaire, à l’image des gilets jaunes. En ligne de mire : le plan Bayrou, que les insoumis veulent à tout prix faire capoter.
Depuis plusieurs semaines, des appels à “tout bloquer” le 10 septembre se répandent sur X (ex-Twitter), TikTok et Telegram. Ces publications, portées par des citoyens venus d’horizons variés, ont un point commun : une opposition frontale au “plan Bayrou”, ce programme de coupes budgétaires annoncé avant l’été par le Haut-Commissaire au Plan.
Le contenu de ces appels est protéiforme : on y lit des revendications pour plus de démocratie via un référendum d’initiative citoyenne, des hausses de salaires et de retraites, ou encore des incitations à la grève générale. Certains vont même jusqu’à évoquer des actions de “confinement volontaire”, dans une logique de blocage économique du pays.
Bompard récuse tout lien avec l’extrême droite
Face à certaines accusations sur la nature politique du mouvement, Manuel Bompard a tranché. Invité lundi matin sur franceinfo, le député LFI a affirmé que ce mouvement n’est en rien affilié à l’extrême droite, contrairement à ce que la rumeur pourrait laisser croire : « Je ne crois pas du tout que les revendications qui émergent de ce mouvement soient positionnées à l’extrême droite », a-t-il déclaré.
Pour appuyer ses propos, Bompard fait le parallèle avec le mouvement des gilets jaunes, qui, selon lui, a été à tort catalogué comme réactionnaire avant de révéler des revendications profondes en faveur de la justice sociale et démocratique. Il y voit aujourd’hui une dynamique similaire : un mécontentement populaire, large, sans drapeau unique.
« Bloquons tout le 10 septembre » : un appel à l’action populaire
« Le 10 septembre, j’appelle tout le monde à se mettre à disposition de ce mouvement », a martelé Manuel Bompard. Il reprend ainsi l’appel de Jean-Luc Mélenchon, lancé durant le week-end, à une “mobilisation générale pour bloquer le pays”.
L’objectif affiché est clair : empêcher la mise en œuvre du plan Bayrou, jugé austéritaire par les insoumis, qui y voient une attaque directe contre les acquis sociaux, les services publics et les plus modestes. « La bataille doit se mener sur tous les terrains », a insisté Bompard, appelant à une convergence des luttes, qu’elles soient syndicales, citoyennes ou politiques.
Une stratégie risquée mais assumée
En s’alignant sur ce mouvement spontané, La France Insoumise prend un pari politique. D’un côté, elle tente de reconnecter avec les colères sociales décentralisées, hors des cadres traditionnels. De l’autre, elle s’expose à être accusée de surfer sur une vague confuse, sans leaders identifiés ni organisation centrale.
Mais Bompard et les siens semblent y voir une opportunité : celle de reconstituer une dynamique de mobilisation à l’échelle nationale, dans un contexte post-électoral où la gauche peine à s’unir et à se projeter vers 2027. Le 10 septembre pourrait ainsi devenir un moment de bascule, ou au contraire, une énième tentative infructueuse de faire trembler l’édifice gouvernemental.