La condamnation d’Inès Corbière, fille du couple Alexis Corbière – Raquel Garrido, fait grand bruit dans le paysage politique français.
Accusée de propos antisémites, la jeune femme a écopé de trois mois de prison avec sursis ce mardi 8 juillet. Une affaire sensible à l’intersection de la justice, de la politique et de l’émotion nationale. Le tribunal correctionnel de Paris a reconnu Inès Corbière coupable de « provocation directe à commettre des atteintes volontaires à l’intégrité physique », à travers des propos jugés antisémites diffusés en ligne. La peine prononcée – trois mois de prison avec sursis – est inférieure aux six mois requis par le parquet, signe d’une certaine prudence dans un dossier aussi explosif. L’étudiante de 22 ans a été en revanche relaxée pour l’accusation d’apologie du terrorisme.
Absente à l’audience, la jeune femme avait formellement nié être l’auteure des messages incriminés. Son avocat avait plaidé la falsification et le contexte politique tendu autour de son identité familiale, mais le tribunal a estimé que les captures diffusées sur X (ex-Twitter) ne comportaient « aucun élément permettant de conclure à un montage ».
Des messages choquants au cœur de l’affaire
À l’origine de l’affaire, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 20 octobre 2023 par Damien Rieu, figure de l’extrême droite identitaire. On y voyait une famille israélienne terrorisée, prise en otage par le Hamas le 7 octobre 2023, accompagnée de captures d’écran de messages attribués à Inès Corbière. Parmi ces messages : « Qui se chauffe pour aller casser du sioniste là ? » ou encore « Ils me font pas du tout de peine, surtout les gosses ». Des propos que la jeune femme nie farouchement avoir écrits, mais que la justice a jugé suffisamment crédibles et graves pour prononcer une condamnation.
Une réaction mesurée des parents, figures de LFI
Alexis Corbière et Raquel Garrido, tous deux anciens députés de La France insoumise, s’étaient exprimés avec retenue dès l’ouverture de l’enquête. Dans un communiqué publié en octobre, ils disaient « respecter la procédure en cours » tout en appelant à la prudence et à la présomption d’innocence. Depuis la condamnation, aucune réaction officielle n’a encore été publiée, mais le couple pourrait être amené à s’exprimer prochainement, à l’heure où l’affaire pourrait prendre une dimension plus politique.
La justice tranche, mais le débat persiste
Le tribunal a estimé que les messages relevaient bien d’une « incitation à la violence » et s’adressaient à « un public déterminé », ce qui les rendait pénalement répréhensibles. Le chef d’accusation retenu – provocation à la violence – souligne la gravité de tels propos, même s’ils sont contestés par leur prétendue auteure. L’affaire pourrait faire l’objet d’un appel, d’autant que la défense continue de dénoncer un dossier fragile et hautement politisé.
Un contexte de tensions extrêmes autour du conflit israélo-palestinien
Cette affaire s’inscrit dans un climat tendu, sur fond de regain de violences au Proche-Orient et de crispation en France autour de la question israélo-palestinienne. Les réseaux sociaux, devenus terrains d’affrontements idéologiques, sont régulièrement le théâtre de propos extrêmes, parfois relayés sans vérification. Pour les associations comme la Licra ou l’OJE, il était essentiel que ces déclarations ne restent pas impunies, au nom du combat contre l’antisémitisme.