Depuis sa création en 2006, La Banque Postale s’est imposée comme une institution incontournable du paysage financier français.
Pourtant, en 2025, elle amorce un virage stratégique majeur en mettant fin à une partie de ses services. Une décision lourde de conséquences pour des centaines de milliers de clients et l’ensemble du secteur bancaire.
Une banque publique à l’histoire singulière
Issue du démantèlement de La Poste en 2006, La Banque Postale s’est constituée en entité bancaire à part entière, tout en conservant le statut d’établissement public. Elle hérite alors de l’ensemble des services financiers de La Poste, assurant ainsi la continuité du service public dans le domaine bancaire. Bien que 100 % détenue par le secteur public, elle opère de manière autonome dans la gestion de ses produits financiers, contrats d’assurance, placements et services bancaires. Ce positionnement hybride, entre proximité institutionnelle et fonctionnement autonome, a permis à la Banque Postale de s’ancrer profondément dans le quotidien des Français.
Une présence territoriale inégalée
Grâce à sa filiation avec La Poste, La Banque Postale bénéficie d’un maillage territorial sans équivalent, avec 17 000 points de contact, dont 7 000 bureaux de poste répartis dans toute la France. En parallèle, son réseau de 43 centres régionaux dédiés à la Banque de Financement et d’Investissement lui permet de toucher les entreprises, les collectivités locales et les associations. En 2023, son chiffre d’affaires a atteint 738 milliards d’euros, preuve d’une activité solide. À ce jour, plus de 10 millions de clients particuliers, 48 millions d’assurés et plus de 300 000 personnes morales lui font confiance.
Un virage digital ambitieux, mais incertain
Dans une logique de modernisation et de réponse aux nouveaux usages bancaires, La Banque Postale avait lancé Ma French Bank en 2019, une banque mobile 100 % digitale. Elle s’était aussi positionnée sur le secteur de la finance participative en rachetant KissKissBankBank. L’objectif était clair : s’imposer face à une concurrence féroce incarnée par N26, Orange Bank ou encore Revolut. Ma French Bank jouait la carte de l’identité française et d’une communication jeune et branchée, souvent ponctuée de franglais pour séduire la nouvelle génération.
L’échec progressif de Ma French Bank
Malgré ces efforts de positionnement, la rentabilité n’a jamais été au rendez-vous. Dès 2023, des études internes évoquaient la possibilité d’un retrait progressif du marché. La décision a été officialisée en 2024 : Ma French Bank allait disparaître. Les services ont été interrompus progressivement, à commencer par les paiements mobiles, suspendus dès décembre. Une lettre officielle a été envoyée aux clients, leur donnant 60 jours pour migrer vers un autre établissement ou revenir à un compte classique de La Banque Postale.
Pour atténuer l’impact de cette fermeture, La Banque Postale a mis en place plusieurs mesures. Chaque client affecté – ils sont environ 700 000 – bénéficie d’une prime de 50 euros s’il accepte de clôturer son compte ou d’en ouvrir un autre. De plus, une offre exceptionnelle de paiements gratuits à l’étranger jusqu’à la fin 2025 a été proposée pour faciliter les déplacements des usagers. Enfin, le service d’aide à la mobilité bancaire est offert pour assurer la transition des opérations récurrentes (prélèvements, virements, abonnements) sans interruption.