Son visage est partout, son nom au centre de toutes les discussions. Jordan Bardella n’a jamais autant occupé l’espace médiatique.

Entre la promotion de son livre et ses ambitions politiques, son omniprésence suscite à la fois fascination, lassitude et critiques. Jusqu’à provoquer l’agacement public de figures bien installées du paysage médiatique.
Le 28 octobre, Jordan Bardella a réuni cadres, élus et proches du Rassemblement national pour dévoiler son deuxième ouvrage, Ce que veulent les Français, publié moins d’un an après Ce que je cherche. Ce livre se veut un plaidoyer en faveur d’une France « ignorée » et « méprisée », que le président du RN prétend incarner et défendre. Dans ses prises de parole, il insiste sur une idée maîtresse : écouter le terrain, recueillir les colères, donner la parole à ceux qu’il considère comme invisibles.
Une campagne de communication très maîtrisée

Depuis la sortie du livre, Jordan Bardella multiplie les interviews, passages télévisés, longs formats radio et vidéos calibrées pour les réseaux sociaux. Il occupe ainsi le moindre interstice médiatique, renforçant son image d’homme politique jeune, accessible et connecté. Dans un échange avec les lecteurs du Parisien, il martèle qu’« écouter les gens » serait la clé pour « apporter les bonnes réponses au pays ». Une stratégie qui séduit certains, mais qui agace aussi.
Jean-Michel Aphatie exprime une lassitude grandissante
Sur le plateau de Quotidien, vendredi 7 novembre, le journaliste Jean-Michel Aphatie a laissé éclater une exaspération devenue partagée. « On en a un peu marre de le voir », a-t-il lancé avec un sourire ironique, comme pour désamorcer l’impact tout en le maintenant. Le chroniqueur a raillé l’omniprésence du président du RN, tout en soulignant que, malgré cette lassitude, il reste impossible d’ignorer un candidat qui sait occuper l’espace.

Le chroniqueur s’est amusé d’une séquence dans laquelle Jordan Bardella explique que ses vidéos Instagram et TikTok constituent du « contenu politique ». Jean-Michel Aphatie, en répétant « TikTok » sur le ton de la dérision, suggère une trivialisation de la parole politique, jugée trop scénarisée et pas assez argumentée. Il critique ainsi un usage de la communication qui privilégie la viralité à la profondeur.
Un affrontement déjà ancien
Ce n’est pas la première fois que les deux hommes se heurtent. En juin dernier, Aphatie avait déjà taclé Bardella, surpris de la décision de retirer la Légion d’honneur à Nicolas Sarkozy. Le journaliste avait alors rappelé que le « code de la Légion d’honneur est impitoyable » et que le précédent marquant remontait à Pétain, dans un contexte évidemment différent mais symboliquement lourd. Une manière de rappeler que la politique s’inscrit dans des cadres institutionnels et historiques, pas seulement dans des codes d’image.
Dans ce duel, Bardella incarne une politique pensée comme produit narratif, où chaque image devient argument, chaque apparition crée l’événement. Aphatie, lui, défend une conception plus classique, structurée par l’argumentation et le débat. Le premier joue l’émotion et la simplicité, le second revendique la nuance et la complexité. Deux époques, deux langages, deux publics.










