Acculée par une situation devenue intenable, Karine Lellouche raconte aujourd’hui le long calvaire qui l’a conduite devant la justice.

Après avoir tenté de récupérer la maison de son père, occupée illégalement, elle a été condamnée pour complicité de violences aggravées. Un récit où se mêlent impuissance, colère et profond sentiment d’injustice.
L’affaire débute à Andernos, en Gironde, lorsqu’un homme s’installe en septembre dans la maison inoccupée de son père, décédé en 2020. Le squatteur change les serrures, modifie les installations électriques et va même jusqu’à faire poser la fibre. Pour Karine Lellouche, c’est un choc d’autant plus brutal que cette habitation devait être vendue afin de régler des droits de succession. Privée de l’accès à son propre bien, elle entame aussitôt les démarches légales, mais se heurte à une série de refus.
Les voies légales qui se referment
Karine raconte avoir porté plainte et sollicité le préfet. Pourtant, les réponses reçues se révèlent déconcertantes : on lui indique même qu’elle ne doit pas mettre un pied dans la maison ni sur le terrain, désormais considérés comme “chez lui”, selon les gendarmes. Ce déni institutionnel provoque chez elle un “point de bascule”, comme elle l’explique. Elle se retrouve coincée entre une administration immobile et l’urgence financière liée à la succession, sans solution apparente.
Une décision risquée qui mène à la violence

C’est dans ce contexte d’impasse totale que survient l’erreur qu’elle reconnaît aujourd’hui. Contactée sur les réseaux sociaux, Karine accepte l’intervention de deux hommes chargés de déloger le squatteur. Elle verse 5 000 euros à un intermédiaire, tandis que les deux exécutants reçoivent 200 euros chacun, dans l’espoir de libérer la maison. Mais l’opération dégénère : une altercation éclate, les deux hommes aspergent le squatteur de gaz lacrymogène. Les trois protagonistes sont interpellés et les “délogeurs” écopent de peines de prison ferme, après trois mois de détention provisoire.
Une condamnation lourde de conséquences

Karine Lellouche écope finalement de douze mois de prison avec sursis pour complicité de violences aggravées. Elle dit assumer cette faute, tout en dénonçant les failles du système qui l’ont poussée à cette extrémité. Épuisée moralement, elle renonce à faire appel : “Je suis fatiguée de me battre”, confie-t-elle. Elle pointe notamment les limites de la loi Kasbarian, censée accélérer les expulsions mais inapplicable sans preuve d’effraction, ce que le squatteur nie en affirmant avoir trouvé la porte ouverte.
Un bien vendu au prix fort… mais à perte
Malgré tout, Karine parvient à vendre la maison à un promoteur, mais avec un rabais de 80 000 euros, nécessaire pour financer l’expulsion du squatteur. La vente se conclut à 620 000 euros au lieu des 700 000 espérés. Ironie cruelle : le squatteur a été reconnu victime, et Karine ainsi que les deux hommes ayant tenté de le déloger doivent lui verser 1 200 euros de dommages et intérêts.










