Les premiers symptômes sont souvent anodins : de simples douleurs articulaires, une fatigue inhabituelle. Pourtant, derrière ces signes se cache parfois le chikungunya, un virus transmis par le moustique tigre dont la prolifération inquiète de plus en plus les autorités sanitaires françaises. Témoignage d’une contamination dans l’un des foyers les plus touchés du pays, Antibes.
Tout commence par des douleurs intenses et localisées, d’abord dans les doigts, les chevilles et les genoux. Rapidement, les articulations se bloquent, rendant chaque mouvement difficile. Les symptômes s’aggravent dès le lendemain : les chevilles se figent, les pieds gonflent, et il devient presque impossible de se lever sans soutien.
Quelques boutons rouges apparaissent sur le torse, laissant penser à une allergie. Mais la localisation des douleurs et leur intensité orientent vers le chikungunya, surnommé « la maladie de l’homme courbé » tant elle contraint le malade à rester plié sous la douleur.
Le foyer antibois au cœur de l’épidémie
À Antibes et dans le Sud-Est, les autorités sanitaires ont lancé plusieurs opérations de démoustication. La ville est devenue le principal foyer français du virus, avec plus d’une centaine de cas recensés en une semaine selon Santé publique France.
Pourtant, la contamination ne semble pas évidente à retracer : la victime raconte avoir pris toutes les précautions possibles, s’être couverte de répulsif, porté des vêtements longs, évité les zones humides… avant de réaliser que le moustique infecté pouvait être n’importe où, même dans sa voiture.
Une attente angoissante avant le diagnostic
Les douleurs fluctuent, s’atténuent puis reviennent, tandis que les analyses se font attendre. Le seul moyen de confirmer la maladie est une prise de sang, dont les résultats sont centralisés à Paris.
Pendant sept jours, le doute s’installe. Sur les forums, les témoignages se multiplient : aucun traitement spécifique n’existe, sinon la patience et la gestion des symptômes. Les proches, eux, évoquent d’autres pistes — une grippe, le Covid, une infection virale classique.
Mais le corps en dit autrement : les plaques cutanées se multiplient, les pieds et les chevilles se gonflent, les douleurs reprennent. En pharmacie, la suspicion devient quasi certitude : « On sait, on a reçu une alerte », confie une pharmacienne.
Les bons gestes pour limiter la propagation
Les autorités rappellent l’importance des gestes de prévention :
Porter des vêtements longs, même en période estivale.
Appliquer un répulsif sur la peau et les textiles.
Éliminer toute eau stagnante, lieu de ponte privilégié du moustique tigre.
En cas de symptômes, éviter de se déplacer devient essentiel. Le virus se propage lorsqu’un moustique sain pique une personne infectée : il ingère le virus, le réplique, puis le transmet lors d’une piqûre suivante.
Ainsi, même après contamination, porter des vêtements couvrants et utiliser du répulsif permet d’éviter de nouveaux cas autour de soi.
L’enquête de l’ARS pour retracer le parcours du virus
Une fois le diagnostic confirmé, le cas est automatiquement signalé à l’Agence régionale de santé (ARS). Les enquêteurs sanitaires contactent le patient afin de retracer tous ses déplacements des deux semaines précédentes.
Le but ? Identifier les zones à risque, déterminer si d’autres personnes ont pu être exposées et évaluer la nécessité d’une démoustication ciblée.
« Avez-vous séjourné dans une zone à cas avérés ? », « Les lieux visités comportaient-ils des jardins ou balcons ? », « Aviez-vous constaté la présence de moustiques ? » — les questions se succèdent pour établir une cartographie précise.
Un virus désormais bien implanté en France
Au 23 septembre, 103 cas autochtones étaient recensés à Antibes, 140 dans les Alpes-Maritimes et 312 dans toute la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
L’ARS redoute désormais une installation durable du virus sur le territoire, d’autant que le moustique tigre s’adapte de mieux en mieux aux températures françaises.