Envisagée par le gouvernement dans un contexte de rigueur budgétaire, la suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite suscite une vive inquiétude.
Derrière cette réforme se cache une potentielle hausse d’impôt pour des millions de retraités et un risque de fragilisation de leur pouvoir d’achat.
Un avantage fiscal historique bientôt en sursis
Mis en place en 1978, l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite permet aux anciens actifs de réduire leur revenu imposable, allégeant ainsi leur charge fiscale. Il visait à compenser l’absence de frais professionnels, contrairement aux salariés encore en activité. Aujourd’hui, cette mesure est dans le viseur de Bercy. Jugée trop coûteuse et désuète, elle pourrait être revue, voire supprimée dans les prochains mois. Pour le gouvernement, il s’agit de répondre à une urgence budgétaire tout en engageant un débat sur l’équité fiscale entre retraités et actifs.
Un coût jugé excessif pour les finances publiques
Selon les estimations relayées par 20 Minutes, la suppression de cet abattement pourrait générer jusqu’à 4 milliards d’euros d’économies annuelles pour l’État. Dans un contexte de déficit public croissant, cet ajustement fiscal est présenté comme une piste sérieuse pour assainir les comptes publics. La Cour des comptes elle-même souligne que cette réforme permettrait de « regagner plusieurs années » sur les prévisions actuelles de réduction du déficit. Un argument fort, qui alimente la volonté de réviser ce dispositif perçu comme trop généralisé, voire obsolète.
Une justification qui ne convainc plus
À l’origine, cet avantage répondait à une logique simple : les retraités, n’ayant plus de frais professionnels, bénéficiaient d’un abattement compensatoire. Mais les temps ont changé. Certains retraités disposent désormais de revenus confortables, voire d’un patrimoine important, ce qui rend la mesure inégalitaire selon ses détracteurs. Le gouvernement estime donc qu’un dispositif universel, appliqué sans distinction de situation financière, ne répond plus aux réalités sociales actuelles. Une réforme, plus ciblée, pourrait alors émerger afin de concentrer l’aide fiscale sur les retraités aux revenus les plus modestes.
Une réforme placée sous le signe de l’équité
L’objectif affiché par les autorités est clair : harmoniser le traitement fiscal entre les différentes catégories de contribuables. Pour certains responsables politiques, il est injuste que des retraités bénéficiant déjà de prestations stables soient davantage avantagés fiscalement que des actifs soumis à une charge de travail quotidienne. Cette logique de justice fiscale nourrit l’argumentaire en faveur de la réforme, dans un climat social où la question des inégalités devient de plus en plus centrale.
Une hausse d’impôt inévitable pour certains retraités
La suppression, ou même la réduction du plafond de l’abattement, entraînerait une hausse du revenu imposable pour une grande partie des retraités. Ceux dont les pensions sont élevées verraient leur impôt grimper de plusieurs centaines d’euros par an. Les retraités aux faibles ressources, souvent exonérés, resteraient globalement épargnés. Mais pour les foyers aux revenus intermédiaires, cette évolution pourrait constituer une pression financière supplémentaire. Selon le site Le Revenu.com, une suppression totale semble peu probable ; une réforme plus nuancée, centrée sur la baisse du plafond de l’abattement, serait envisagée.