Alors que le gouvernement s’apprête à présenter son projet de loi de finances pour 2026, l’un des avantages fiscaux les plus anciens accordés aux retraités se retrouve menacé.
L’abattement de 10 % appliqué sur les pensions, en place depuis 1978, est au cœur d’un débat qui mêle impératifs budgétaires et enjeux politiques. Depuis près d’un demi-siècle, les retraités bénéficient d’un abattement de 10 % sur leurs pensions, destiné à alléger leur charge fiscale. Pour les revenus de 2024, cette réduction s’élève à un minimum de 450 € par foyer fiscal et peut atteindre jusqu’à 4 399 €, selon les cas. Mais son coût ne cesse d’augmenter. Selon Charles de Courson, rapporteur général du budget, il « a doublé en quinze ans pour atteindre 5 milliards d’euros en 2025 ».
Un dispositif jugé inégalitaire
Le caractère proportionnel de l’abattement profite surtout aux retraités les plus aisés, ce qui nourrit les critiques. Les ménages modestes, souvent proches du seuil d’imposition, en tirent finalement peu de bénéfices. Pour corriger ce déséquilibre, le député de la Marne propose de remplacer le système actuel par une déduction forfaitaire fixe de 2 000 €, comme l’avait déjà suggéré François Bayrou à l’été 2025.
Cette transformation permettrait selon lui de mieux cibler les ménages à revenus moyens, tout en générant environ 2 milliards d’euros d’économies pour l’État.
La question des retraités célibataires
Autre piste mise en avant : « conjugaliser » le dispositif. Aujourd’hui, le plafond de 4 399 € s’applique indifféremment aux célibataires et aux couples, ce que Charles de Courson considère comme une anomalie. Son idée serait donc de réduire de moitié l’avantage pour les retraités célibataires, afin d’adapter le calcul à la composition du foyer.
Entre équilibre budgétaire et risque politique
Si la logique budgétaire semble claire, la décision finale pourrait être dictée par des considérations électorales. Les retraités représentent plus d’un tiers du corps électoral, rappelle Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne. Toucher à l’un de leurs acquis fiscaux pourrait provoquer un mécontentement massif, avec un impact direct sur les scrutins à venir.