Avec une ascension fulgurante et une place désormais dominante dans le paysage médiatique, CNews polarise plus que jamais l’opinion.

Tandis que la chaîne détenue par Vincent Bolloré engrange record sur record, “Complément d’enquête” a choisi de se pencher sur les méthodes et l’influence de ce média devenu central pour une partie du public français.
En octobre 2025, CNews atteint 4 % de parts de marché, dépassant BFMTV, LCI et France Info. Une progression spectaculaire qui interroge, d’autant que la chaîne est aussi la plus fréquemment épinglée par l’Arcom pour manque de rigueur.
Le documentaire intitulé “Des infos ou désinfo ? La méthode CNews”, diffusé le 27 novembre sur France 2, tente de comprendre les ressorts de cette popularité. L’émission donne la parole à des téléspectateurs convaincus, séduits par un traitement de l’actualité qu’ils jugent plus direct, plus franc, plus ancré dans leurs préoccupations quotidiennes — malgré les critiques sur une ligne éditoriale axée sur l’immigration, la sécurité ou le conservatisme.
Un reportage sur les kebabs qui enflamme les réseaux sociaux

Parmi les séquences dévoilées avant la diffusion, un passage a particulièrement fait réagir : un couple de retraités, anciens gérants d’auto-école, témoigne de son attachement à CNews. Chaque matin, ils consacrent près d’1 h 30 à suivre la chaîne.
Le jour du tournage, le sujet mis en avant concerne le nombre de kebabs en France. CNews évoque une commune de l’Oise souhaitant limiter leur implantation. Le mari réagit immédiatement : « Il y a trop de kebabs en France », déplorant une prétendue menace pour la gastronomie française. Pour lui, ce reportage constitue une information que “seule CNews ose aborder”.
Mais l’enquête de France 2 démonte cette affirmation : le nombre de kebabs en France est stable depuis dix ans, autour de 9 500 établissements. À titre de comparaison, l’Hexagone compte 15 000 pizzerias et 62 000 restaurants traditionnels.
Un décalage notable entre perception et réalité, accentué par le fait que le même sujet a été diffusé cinq fois dans la journée, accompagné de deux débats successifs.
Des propos qui interrogent sur l’influence de la chaîne
Pour les retraités interrogés, CNews répond à des sujets qu’ils estiment trop longtemps négligés : immigration, insécurité, laïcité. Une vision que partage une partie du public, considérant la chaîne comme un contre-pouvoir médiatique.
Le mari va jusqu’à affirmer que certains problèmes seraient tus ailleurs, et que CNews “éveille les Français”. Une formulation qui a indigné de nombreux internautes, y voyant une assimilation directe entre restauration rapide halal, immigration et religion.
“Complément d’enquête”, de son côté, met en lumière la mécanique d’amplification : un sujet mineur, répété, débattu, grossi, au point de devenir un “problème national” dans l’esprit de certains téléspectateurs.

Une vague de réactions outrées sur les réseaux sociaux
Les propos du couple ont été massivement commentés en ligne. De nombreux internautes y voient un racisme décomplexé, encouragé — selon eux — par la tonalité générale de la chaîne.
“Le danger des écrans, même chez les vieux !” ironise l’un d’eux.
“On avance tout droit dans le mur…” déplore un autre.
Certains s’étonnent même de la focalisation : “Les kebabs, c’est la préoccupation ? Lunaire.”
D’autres enfin tournent en dérision le discours alarmiste sur la restauration :
« Est-ce que quelqu’un a prévenu CNews qu’ils étaient devenus wokistes en voulant éveiller les Français ? », s’amuse un internaute.










