Pendant vingt-cinq ans, une Américaine a réussi à berner les caisses de retraite en usurpant l’identité de sa mère décédée. Ce stratagème, qui lui a permis de détourner plus de 300 000 euros, vient de prendre fin devant la justice du Minnesota.
L’histoire remonte à 1999. Cette année-là, Mavious Redmond, âgée aujourd’hui de 54 ans, a choisi de taire le décès de sa mère auprès de la Social Security Administration. Au lieu de déclarer la disparition, elle a conservé les informations personnelles de la défunte et s’est fait passer pour elle pendant un quart de siècle. En falsifiant sa signature et en répondant à des courriers officiels, elle a perçu plus de 360 000 dollars en prestations de retraite, soit environ 307 000 euros.
Des méthodes ingénieuses pour prolonger l’escroquerie
Pour maintenir l’illusion, la fraudeuse a adapté l’adresse du dossier de sa mère à chacun de ses déménagements. Elle n’a pas hésité non plus à se présenter dans des bureaux de la Sécurité sociale en usurpant son identité, ou encore à répondre aux appels administratifs en se faisant passer pour la défunte. L’arnaque s’est même étendue à des aides exceptionnelles, comme les 3 200 dollars versés pendant la crise du Covid-19.
Un préjudice collectif
Au-delà des sommes détournées, l’affaire met en lumière un problème plus large. Selon les autorités, ce type de fraude repose sur la non-déclaration de décès, un phénomène répandu qui coûte des centaines de millions d’euros chaque année aux systèmes de retraite. Rien qu’en 2023, plus de 7 000 contrôles anti-fraude ont été menés en France, évitant le versement indu de 182 millions d’euros. Aux États-Unis, les pratiques sont similaires et fragilisent la confiance des citoyens dans le système.
Une condamnation prononcée
L’enquête menée par les autorités du Minnesota a finalement permis de démanteler l’arnaque. Mavious Redmond a été condamnée à un an de prison ferme et une année de liberté surveillée. Lors du procès, son avocat a plaidé la précarité, expliquant que sa cliente travaillait au salaire minimum dans un fast-food au moment des faits et qu’elle avait perdu tout soutien financier après la mort de sa mère.
Le portrait d’une vie en marge
Aujourd’hui, loin de l’image d’une criminelle professionnelle, la quinquagénaire vit dans un refuge pour sans-abri dans la région des Twin Cities. Elle bénéficie de l’accompagnement d’un conseiller social et cherche activement un emploi. Pour son avocat, cette fraude relevait davantage d’une opportunité née du désespoir que d’un enrichissement personnel. « Elle n’est pas une criminelle endurcie », a-t-il insisté, rappelant que sa cliente n’a jamais vécu dans le luxe malgré les sommes perçues.