Alors que Sébastien Lecornu tente d’imposer son cap politique à Matignon, l’ombre d’une crise institutionnelle plane déjà sur l’exécutif.*
Face aux motions de censure déposées, Emmanuel Macron a haussé le ton, prévenant que toute tentative de renversement du gouvernement conduirait à une dissolution immédiate de l’Assemblée nationale.
Ce mardi, en Conseil des ministres, Emmanuel Macron a averti que les motions de censure déposées contre le gouvernement Lecornu “doivent être vues comme des motions de dissolution”. Ces propos, rapportés par Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement, traduisent la volonté du chef de l’État d’imposer un rapport de force clair : renverser le Premier ministre reviendrait à provoquer la fin de la législature.
Deux motions ont déjà été déposées, par La France insoumise et le Rassemblement national. Pour Emmanuel Macron, cela prouve que “certains ne veulent pas débattre”, préférant bloquer l’action gouvernementale plutôt que chercher le compromis. Ce rappel à l’ordre s’adresse aussi aux socialistes, qui doivent décider s’ils joindront leurs voix à la censure. Le message du président est limpide : s’ils franchissent le pas, ils en assumeront les conséquences politiques.
“Les Français sont fatigués du fracas politique”
Lors de ce Conseil, le chef de l’État a également tenu à replacer la situation dans un contexte plus large. “Les désaccords sont estimables, mais ils ne sont acceptables que si des compromis sont possibles”, a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de préserver la stabilité institutionnelle. Emmanuel Macron estime que les Français sont lassés “du fracas politique”, des querelles de partis et des blocages parlementaires qui nuisent à la crédibilité de l’action publique.
Son avertissement sonne comme un rappel de son autorité, mais aussi comme un pari risqué : en cas de censure, la dissolution pourrait rebattre les cartes d’un paysage politique déjà explosif.
Lecornu veut prouver que son gouvernement “peut bouger”
À la suite de cette mise au point présidentielle, Sébastien Lecornu a, lui aussi, pris la parole pour défendre sa ligne. Le Premier ministre a assuré vouloir démontrer, dans sa déclaration de politique générale, que son gouvernement “est capable de bouger” sans pour autant céder à la précipitation. Selon Maud Bregeon, il a insisté sur le fait qu’il “ne fera pas n’importe quoi”, revendiquant un équilibre entre fermeté et ouverture.
Lecornu a tenu à rappeler que la politique consiste à “défendre ses opinions et être fier de le faire, tout en ayant la capacité de faire le chemin politique pour agir”. Autrement dit, le dialogue reste possible, mais pas au prix de l’autorité gouvernementale.
Une tension latente autour de la réforme des retraites
Ni Emmanuel Macron ni Sébastien Lecornu n’ont évoqué directement la demande formulée par les socialistes : une suspension complète de la réforme des retraites comme condition pour éviter la censure. Mais en creux, cette exigence reste au cœur du bras de fer actuel. Le chef de l’État, attaché à sa réforme, ne semble pas prêt à céder sur ce symbole de sa politique.