Toucher le RSA tout en encaissant des milliers d’euros de loyers : c’est le pari risqué — et illégal — tenté par une propriétaire de plusieurs biens immobiliers. Démasquée par la CAF, elle a été sèchement recadrée par la justice administrative, contrainte désormais de rembourser ce qu’elle n’aurait jamais dû percevoir.
C’est une décision sans ambiguïté que le tribunal administratif de Paris a rendue en avril 2025. Madame X, propriétaire de trois logements situés à Paris et à Mulhouse, a perçu des revenus locatifs conséquents tout en bénéficiant du RSA, une aide réservée aux personnes en situation de grande précarité.
Sur la période concernée, la justice a établi qu’elle avait reçu environ 49 000 euros de loyers cumulés sur les années 2020 et 2022. En parallèle, elle a sollicité le Revenu de solidarité active à deux reprises : de mai à octobre 2020, puis de juillet à août 2022. Une démarche que la justice a qualifiée de frauduleuse, compte tenu de ses ressources réelles.
La CAF découvre la supercherie
C’est la Caisse d’allocations familiales qui a levé le lièvre, après avoir épluché les relevés bancaires de l’intéressée. De nombreux virements, en provenance de particuliers, ont mis la puce à l’oreille des enquêteurs : il s’agissait des loyers versés par ses locataires. Or, les montants du RSA sont calculés sur la base des revenus du foyer — les revenus locatifs en faisant évidemment partie intégrante.
Selon le barème en vigueur, une personne seule peut percevoir jusqu’à 646,52 euros de RSA mensuel (hors forfait logement), et un couple avec deux enfants jusqu’à 1 357,70 euros. Ces montants diminuent ou disparaissent dès lors que d’autres ressources sont déclarées — ce qui n’était visiblement pas le cas dans cette affaire.
Une défense jugée peu convaincante
Lors du procès, Madame X, âgée de 52 ans, a tenté de justifier sa situation en affirmant qu’une part importante des loyers était destinée à son ex-mari. Problème : aucune trace de virement ou de preuve concrète n’a permis d’étayer ses dires. Les juges n’ont donc retenu aucun argument en sa faveur et ont confirmé le jugement initial de mars 2024.
Elle a été condamnée à rembourser 11 500 euros à la CAF, correspondant aux sommes indûment perçues au titre du RSA. Une décision sans appel, qui rappelle que cette allocation sociale repose sur un principe simple : celui de la solidarité… mais aussi de la transparence.
Une fraude révélatrice de contrôles de plus en plus ciblés
Cette affaire illustre la montée en puissance des contrôles automatisés et croisés entre les administrations. Désormais, la CAF peut accéder à certaines données bancaires ou patrimoniales pour vérifier la cohérence des déclarations. Les propriétaires percevant des loyers importants figurent parmi les profils les plus surveillés, car ces revenus peuvent souvent être dissimulés, volontairement ou non.
Au-delà de la condamnation individuelle, cette décision de justice envoie un signal clair à tous les fraudeurs potentiels : aucune tolérance ne sera accordée lorsque des ressources substantielles sont dissimulées aux organismes sociaux. L’État et les caisses d’allocations veillent désormais à chaque euro versé, dans un souci de justice sociale et de maîtrise des dépenses publiques.