En Australie, un déjeuner d’équipe s’est transformé en longue bataille juridique : une cadre licenciée après un refus d’alcootest a finalement obtenu gain de cause et près de 36 000 euros d’indemnités. Une affaire qui rappelle les règles strictes — mais encadrées — concernant les contrôles d’alcool en entreprise.
En avril dernier, cette cadre d’une société de transport australienne a participé à un repas d’équipe supposé convivial. Au menu : une pizza à l’ail et un bourbon Coca. Mais de retour au bureau, l’un des collègues adopte un comportement erratique, annonçant même sa démission. Ce comportement a semé le trouble et poussé la direction à suspecter une consommation excessive d’alcool parmi les participants.
Un refus d’alcootest sanctionné par un licenciement
La hiérarchie décide alors de soumettre tous les convives à un alcootest. L’employée refuse, expliquant qu’elle s’est sentie « salie par l’association » entre elle et le soupçon d’alcoolisation. La direction la prévient : sans test, ce sera la suspension et la retenue sur salaire. Quatre jours plus tard, elle est licenciée pour faute grave, au motif qu’elle n’a pas respecté le protocole interne.
La justice australienne tranche en faveur de la salariée
Estimant la décision injuste, la cadre saisit la Fair Work Commission (FWC), l’équivalent australien des prud’hommes. L’instance juge que les motifs invoqués par l’entreprise n’étaient pas suffisamment clairs et que la sanction était « excessive ». La société est condamnée à lui verser 63 000 dollars australiens, soit environ 36 000 euros, en indemnités. La Commission a rappelé que les règles internes doivent être appliquées de manière proportionnée et justifiée.
Une jurisprudence qui fait écho au droit français
L’affaire résonne également en France. Comme l’explique l’avocate Me Justine Godey, un alcootest en entreprise n’est légal que s’il est prévu dans le règlement intérieur et justifié par un comportement laissant penser qu’un salarié est alcoolisé. Dans ce cas, un refus peut effectivement constituer un motif de licenciement pour faute grave. Mais un contrôle arbitraire ou mal justifié pourrait être considéré comme disproportionné, tout comme en Australie.
Un rappel à la prudence pour employeurs et salariés
Cette décision australienne rappelle que les entreprises doivent manier avec soin les contrôles disciplinaires, en veillant à leur base légale et à leur proportionnalité. Elle souligne aussi que les salariés disposent de recours efficaces lorsqu’ils estiment qu’une sanction dépasse ce qui est justifié. Dans un contexte où les règles sur l’alcool au travail varient selon les pays mais exigent partout transparence et mesure, cette affaire pourrait inspirer d’autres juridictions à mieux encadrer de telles procédures.