Derrière les likes et les vidéos virales, le silence de la souffrance. Mehdi Bassit, alias “Mehdi Saucisson”, figure attachante de TikTok, s’est éteint tragiquement à 32 ans, emporté par un mal-être profond et un harcèlement en ligne devenu insoutenable. Un drame qui ébranle toute une communauté, et remet en lumière les dérives d’un monde numérique parfois cruel.
Originaire de Liévin, dans le Pas-de-Calais, Mehdi Bassit avait conquis plus de deux millions d’abonnés grâce à son humour simple, chaleureux et authentique. Sur TikTok, il apparaissait avec ses fameuses “planches de saucisson”, des tranches de vie drôles, tendres, spontanées — qui cachaient parfois bien plus qu’il ne laissait voir.
Sous le pseudonyme @medlevrai, il incarnait un père aimant, un passionné de l’Olympique Lyonnais, un mec vrai, comme il se qualifiait lui-même. Avec ses filles Mila et Mélina, il partageait des moments du quotidien, entre complicité paternelle et confessions à cœur ouvert. Un contenu qui tranchait avec le ton lissé des influenceurs traditionnels, et qui lui avait valu l’affection sincère d’un public fidèle.
Une descente aux enfers silencieuse
Mais derrière les rires et les sketchs, le mal-être grandissait. Dans ses publications les plus récentes, certains signes transparaissaient déjà : “un sourire qui cache beaucoup de choses”, écrivait-il sur Instagram. Peu à peu, les attaques en ligne ont pris de l’ampleur, jusqu’à devenir invivables.
Sa sœur Mélissa a annoncé sa disparition le 19 juillet, via un hommage pudique sur les réseaux sociaux. Elle partage un dessin de Mehdi avec leur père, disparu avant lui, accompagné de ces mots bouleversants : « Prenez soin l’un de l’autre… Je vous aime. »
Il aurait été retrouvé pendu dans la nuit du 18 au 19 juillet. Une issue tragique, au terme d’un long combat intérieur que peu avaient perçu à sa juste mesure. Une amie proche, Djouliette, témoigne : “Il n’y avait que des larmes, de la tristesse, et de la colère. C’était trop. Trop de haine, trop de harcèlement, trop de calomnies, trop d’injustice.”
Le poids écrasant du cyberharcèlement
Mehdi Bassit n’est malheureusement pas un cas isolé. Depuis plusieurs mois, des figures influentes comme Squeezie, Mastu ou ToomuchLucile ont tiré la sonnette d’alarme face à la violence numérique. Mehdi, lui, l’a subie dans une relative indifférence, jusqu’à ce que l’irréparable se produise.
Sur TikTok, X et Instagram, plus de 25 000 messages de soutien ont afflué en quelques heures. Des anonymes, des fans, des influenceurs bouleversés ont exprimé leur colère, leur tristesse, leur impuissance. Le hashtag #JusticePourMehdi est vite devenu viral, dénonçant l’impunité des harceleurs, mais aussi l’inaction des plateformes en matière de modération.
Ce drame réveille une fois de plus les questions fondamentales : jusqu’où peut aller la haine en ligne ? Qui est responsable ? Et combien faudra-t-il de victimes avant que les choses changent vraiment ?
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Une voix éteinte, mais un message qui doit résonner
Mehdi Bassit n’était pas une “star” au sens classique. C’était un homme simple, sincère, généreux, devenu célèbre presque malgré lui. Son succès tenait à sa proximité, à son humour tendre, à cette façon de rire de tout sans jamais humilier personne. Sa mort, en revanche, est le fruit d’un système numérique défaillant, où les algorithmes valorisent les clashs, mais laissent proliférer les attaques personnelles.
Aujourd’hui, ses filles, ses proches, et toute une communauté pleurent un homme qui n’aurait jamais dû en arriver là. Et dans ce deuil collectif, un cri s’élève : celui d’une exigence de régulation, d’écoute et de respect sur les réseaux sociaux.
« Un sourire qui cachait beaucoup de choses »
Cette phrase, écrite par Mehdi peu avant sa disparition, résonne douloureusement aujourd’hui. Elle résume ce que tant d’internautes vivent : un mal-être masqué par des filtres, des sketchs, des likes. La vie numérique n’épargne personne. Elle sublime, elle expose, mais elle ne protège pas.
Puissent ces larmes versées servir à éveiller les consciences. Pour que plus jamais un créateur, un homme, un père ne soit poussé au silence absolu par la cruauté des autres.