Depuis plus de trente ans, Élie Semoun cultive l’art du rire et de la sincérité. Entre humour mordant, réflexions profondes et prises de position sans filtre, l’artiste s’impose comme l’un des derniers véritables francs-tireurs de la scène humoristique française. Sa récente sortie sur Blanche Gardin l’a une fois de plus prouvé.
Révélé dans les années 1990 grâce à son duo avec Dieudonné, Élie Semoun s’est rapidement imposé comme un pilier du rire français. Ensemble, ils ont osé aborder des sujets sensibles, parfois tabous, tels que le racisme ou la société de consommation, à une époque où peu d’artistes prenaient de tels risques. Après leur séparation, Élie Semoun a brillamment poursuivi sa route en solo, enchaînant les one-man-shows et les rôles marquants au cinéma, notamment dans Cyprien ou la série des Ducobu, où il campe l’instituteur Gustave Latouche.
Au-delà de son humour, l’artiste de 60 ans se distingue par sa liberté de ton et son engagement personnel. Jamais avare de ses opinions, il s’exprime volontiers sur la société, la politique ou le monde du spectacle, quitte à créer la polémique.
Blanche Gardin : entre talent et controverses
De son côté, Blanche Gardin, connue pour son humour noir et sa lucidité acide, a souvent suscité la controverse. Après avoir refusé de participer à l’émission LOL : qui rit, sort ! en 2023, l’humoriste a déclenché un tollé en 2024 lors d’un événement en soutien à Gaza. Sur scène, elle avait lancé : « Bonsoir, je m’appelle Blanche, et depuis le 7 octobre, je suis antisémite. » Une provocation que beaucoup ont jugée inacceptable.
Ses propos ont été condamnés par plusieurs figures publiques, dont la rabbin et essayiste Delphine Horvilleur, qui l’a accusée de « nourrir la haine ». Cette polémique a profondément divisé le monde artistique, plaçant Blanche Gardin au cœur d’un débat sur les limites de l’humour et de la liberté d’expression.
Élie Semoun tranche : « Ce n’est plus de l’humour, c’est de la politique »
Interviewé par Le Journal du Dimanche en novembre 2024, Élie Semoun n’a pas mâché ses mots au sujet de son ancienne amie. « Ces gens-là pensent faire de l’humour, mais en réalité, ils font de la politique », a-t-il déclaré avec fermeté. Pour lui, la frontière entre provocation artistique et engagement idéologique est désormais franchie.
L’humoriste, qui a récemment accueilli un deuxième enfant, a ajouté avec une sincérité désarmante : « J’ai du respect pour Blanche, mais elle a pris un chemin qui ne me plaît pas. » Selon lui, un artiste doit faire rire, émouvoir, provoquer la réflexion, mais sans jamais transformer la scène en tribune politique. « Être artiste est le plus beau métier du monde. Introduire des idées douteuses, c’est gâcher son art », a-t-il conclu, tout en confiant s’inquiéter du climat social et culturel en France.
Une carrière guidée par la passion et le doute
Au fil des années, Élie Semoun a vu son rapport à la scène évoluer. Dans ce même entretien, il reconnaît que la maturité a changé sa manière d’aborder son métier. « Avant, quand je montais sur scène, j’avais beaucoup plus d’insouciance », confie-t-il. Aujourd’hui, le comédien avoue ressentir davantage de trac et de retenue : « Je me pose plus de questions qu’avant, et parfois, je m’autocensure. »
Malgré cette sensibilité accrue, le plaisir reste intact. « J’ai toujours du plaisir sur scène », affirme-t-il avec émotion, soulignant que le contact avec le public demeure sa plus grande source d’énergie. Entre humour, introspection et fidélité à ses valeurs, Élie Semoun continue d’incarner cette génération d’artistes capables de faire rire tout en faisant réfléchir, sans jamais trahir leur sincérité.