À la veille de l’annonce officielle du gouvernement Lecornu II, un premier refus vient fissurer la stratégie d’ouverture voulue par Matignon. Le député Les Républicains Yannick Neuder, pressenti pour un poste ministériel, a décliné l’offre de Sébastien Lecornu, illustrant les tensions croissantes entre la majorité présidentielle et la droite traditionnelle.
Dimanche 12 octobre, Yannick Neuder a choisi la fidélité à son parti plutôt que la tentation du pouvoir. Dans un message publié sur ses réseaux sociaux, le député de l’Isère a révélé avoir été sollicité pour rejoindre le nouveau gouvernement : « Sébastien Lecornu m’a proposé d’intégrer son équipe, mais j’ai refusé en conscience. » Médecin cardiologue et vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’élu justifie son refus par des « conditions [qui] ne sont pas réunies pour prendre soin de la santé des Français et de nos soignants ».
Cette décision s’inscrit dans la ligne de Bruno Retailleau, président des Républicains, qui avait fermement réaffirmé le week-end dernier que « la confiance et les conditions [n’étaient] pas réunies pour que LR participe au gouvernement ». Yannick Neuder, ancien ministre délégué à la Santé sous Catherine Vautrin, préfère donc rester dans les rangs parlementaires et promet de demeurer « un acteur vigilant des choix budgétaires à venir ».
Une droite fracturée entre discipline et ouverture
Ce refus ne fait que souligner les profondes divisions qui traversent aujourd’hui Les Républicains. Alors que certains élus restent attachés à la ligne d’opposition incarnée par Bruno Retailleau, d’autres se montrent favorables à une coopération avec le gouvernement Lecornu II. Parmi eux, Annie Genevard, ancienne ministre de l’Agriculture, aurait décidé de poursuivre son engagement au sein de l’exécutif, selon Le Figaro. Une position en rupture directe avec la consigne du parti, qui s’était prononcé pour un « soutien sans participation ».
L’entourage de Bruno Retailleau aurait déjà pris acte de ce choix et envisagerait de la remplacer à la présidence de la Commission nationale d’investiture, un poste stratégique au sein de LR. Ce bras de fer interne illustre la difficulté d’un parti tiraillé entre sa volonté d’exister face à Emmanuel Macron et les ambitions individuelles de certains de ses cadres.
Sébastien Lecornu, l’ouverture risquée
De son côté, Sébastien Lecornu, reconduit à Matignon le 10 octobre, cherche à consolider sa majorité en intégrant de nouvelles figures venues de la droite modérée. Une stratégie qui, si elle vise à stabiliser le gouvernement, risque de fragiliser davantage Les Républicains. En tentant de séduire de “jeunes élus LR”, le Premier ministre prend le risque d’attiser la colère des fidèles de Bruno Retailleau, déterminés à maintenir une ligne d’indépendance stricte.
L’entourage du président des Républicains a d’ailleurs prévenu : « Les participations de membres LR au gouvernement ne seront pas sans conséquences. » Une menace à peine voilée, alors que la composition complète du gouvernement Lecornu II doit être rendue publique dans les prochaines heures.