Au terme d’un procès qui aura tenu en haleine la ville de Saint-Étienne pendant plusieurs semaines, Gaël Perdriau a vu, ce lundi 1ᵉʳ décembre, son avenir politique basculer.

Déclaré entièrement coupable dans l’affaire de chantage à la sextape, le maire LR déchu s’enfonce dans une tourmente judiciaire qui remonte à près de dix ans. Le tribunal correctionnel de Lyon n’a laissé aucune ambiguïté : quatre ans de prison ferme, assortis de cinq ans d’inéligibilité, avec exécution immédiate. La présidente a suivi les réquisitions du parquet, qui accusait le maire de chantage, détournement de fonds publics, soustraction par personne dépositaire de l’autorité publique et participation à une association de malfaiteurs. La décision, lue dans une salle sous tension, a été accueillie par quelques applaudissements discrets, révélateurs de l’onde de choc provoquée par cette condamnation.
Le maire crie à l’injustice et annonce son appel
Impassible au moment du jugement, Gaël Perdriau a rapidement réagi à la sortie du tribunal. Devant les caméras, il a martelé : « Je suis innocent, cette décision est totalement incompréhensible », précisant qu’il ferait appel. Une déclaration en total décalage avec les engagements qu’il avait pris quelques semaines plus tôt : renoncer à tous ses mandats si la justice retenait la moindre culpabilité.

Une machination élaborée pour neutraliser un rival
L’enquête a mis au jour un engrenage glaçant. Dès 2014, un piège est orchestré à Paris pour compromettre Gilles Artigues, alors député centriste et adversaire politique de Perdriau. Dans une chambre d’hôtel, un escort boy est recruté à son insu par Samy Kéfi-Jérôme, adjoint à l’Éducation, tandis que des caméras cachées enregistrent la scène.
Ensuite, pendant plusieurs années, ces images intimes sont utilisées comme moyen de pression afin d’empêcher Artigues de contester l’autorité du maire. Le stratagème ne s’effondre qu’en 2022, lorsque Mediapart révèle l’existence de la sextape.
Une chute politique lente mais inévitable

Une information judiciaire est ouverte en septembre 2022. Le maire perd rapidement ses soutiens, est exclu du parti Les Républicains, puis abandonne ses fonctions métropolitaines. Jamais, cependant, il ne lâche son fauteuil de maire, malgré la fronde d’une dizaine d’élus de sa majorité.
Le dossier judiciaire s’alourdit encore lorsqu’il est soupçonné d’avoir utilisé 40 000 euros de subventions municipales pour rémunérer les auteurs de la sextape. Huit prévenus comparaissent à ses côtés, parmi lesquels son ancien directeur de cabinet et les deux complices directs du piège organisé à Paris.
Une victime soulagée après des années de silence
Gilles Artigues, profondément meurtri par l’affaire et qui avait confié ses pensées suicidaires lors de l’audience, s’est dit soulagé par le verdict. Entouré de ses proches, il a affirmé : « Aujourd’hui, je pense que je vais pouvoir me reconstruire. » Une déclaration qui dit l’ampleur du traumatisme causé par ce chantage qui aura duré près de huit ans.










