À Béziers, la consommation d’alcool dans l’espace public est dans le viseur de la mairie. Depuis le 29 septembre, Robert Ménard a interdit la vente de canettes de bière à l’unité dans l’ensemble de la commune. L’objectif affiché : limiter les incivilités et contenir l’alcoolisation des personnes en situation de précarité.
Le maire de Béziers ne mâche pas ses mots. Robert Ménard dénonce la présence quotidienne de personnes s’alcoolisant devant les commerces et affirme que la vente à l’unité favorise ces comportements. En une semaine, les services municipaux auraient ramassé 981 canettes abandonnées autour des épiceries et supermarchés. Face à cette situation, l’élu a pris un arrêté municipal interdisant purement et simplement la vente à l’unité.
Une liberté du commerce contestée
Cette décision, qualifiée de restrictive, suscite déjà des critiques. Interrogé sur l’atteinte possible à la liberté du commerce, Robert Ménard assume sans détour : « Je m’en fous. Ils gagneront peut-être un peu moins d’argent. » Pour lui, la priorité reste l’ordre public et la tranquillité des habitants.
Un échange houleux avec Elina Dumont
La mesure a provoqué un vif débat avec Elina Dumont, intervenante sociale, qui accuse le maire de vouloir « se débarrasser des sans-abris ». « Vous ne réglerez pas la pauvreté en interdisant la vente de canette », a-t-elle lancé. Agacé, Ménard a répliqué sèchement, mettant en avant les dispositifs mis en place dans sa ville pour accueillir les personnes sans domicile.
Une politique assumée de fermeté
Robert Ménard insiste : son objectif n’est pas de régler l’alcoolisme, mais de réduire ses effets les plus visibles et dangereux dans l’espace public. Il cite en exemple la féria de Béziers, où l’interdiction d’alcool en dehors des bodegas aurait permis d’éviter tout accident ou violence grave. Pour l’élu, ces restrictions, bien que liberticides, sont « une bonne atteinte à la liberté ».
Entre soutien et contestation
L’arrêté divise. Si certains dénoncent une mesure stigmatisante à l’égard des plus précaires, d’autres, comme l’avocat Charles Consigny, y voient une décision de responsabilité : « C’est dans l’intérêt des habitants que des soûlards qui zonent en descendant des canettes de bière arrêtent. » À Béziers, la bataille entre ordre public et libertés individuelles reste plus que jamais ouverte.