La rentrée politique à gauche reprend ses codes traditionnels, entre rassemblements militants et débats d’idées. Mais du côté de La France insoumise, un détail ne passe pas inaperçu cette année : l’absence totale de ministres dans leurs désormais célèbres “Amfis”. Un signe révélateur du climat politique actuel, où l’invitation des insoumis devient un exercice de plus en plus périlleux pour leurs adversaires.
Comme chaque année, LFI avait adressé des cartons d’invitation à plusieurs membres du gouvernement. Éric Lombard, ministre de l’Économie, devait ainsi débattre avec Éric Coquerel, président de la commission des finances à l’Assemblée. Mais l’intéressé a décliné l’offre, arguant que les insoumis « sclérosent toutes discussions » au Palais Bourbon.
Un camouflet de taille pour LFI, qui voit désormais les portes ministérielles se fermer. Éric Lombard a d’ailleurs choisi de se rendre chez les communistes, à la Fête de l’Humanité en septembre, signe que la fracture avec le camp mélenchoniste est bien plus profonde qu’avec les autres formations de gauche.
Le souvenir d’une époque révolue
Il est loin le temps où Rachida Dati, Marlène Schiappa ou d’autres figures gouvernementales se prêtaient au jeu des joutes verbales face aux militants insoumis. Aujourd’hui, un député LFI le reconnaît : « C’est mal vu de venir chez nous. »
L’après-7 octobre a renforcé cette réputation sulfureuse qui colle au mouvement mélenchoniste, notamment sur les questions internationales et de sécurité. « Ils sont plus sulfureux qu’avant », glisse un macroniste sollicité cette année, lui aussi décidé à ne pas franchir le pas.
Un plan B pour sauver les débats
Privés de ministres, les insoumis tentent une autre stratégie : convier des députés issus du bloc central. Violette Spillebout, notamment, interviendra sur le dossier Bétharram, tandis que Sandrine Josso prendra la parole sur la question des violences sexistes et de la soumission chimique, dont elle a été victime.
Mais en interne, la manœuvre ne convainc pas tous les militants. « Ça manque de panache », souffle un cadre du mouvement, regrettant l’époque où les Amfis attiraient des têtes d’affiche plus exposées.
Pour compenser, LFI mise aussi sur des figures médiatiques. Charles Consigny, avocat et chroniqueur dans Les Grandes Gueules sur RMC, sera l’un des invités phares, attendu face à Manuel Bompard le vendredi 22 août. Un choix symbolique : attirer le débat là où la politique et le spectacle médiatique se croisent, dans l’espoir de maintenir la dynamique des Amfis.