Symbole familier des zones commerciales françaises, 4Murs traverse l’une des plus graves crises de son histoire.

Alors que l’enseigne était encore perçue comme un pilier du papier peint et de la décoration accessible, elle s’apprête désormais à tourner une page essentielle : celle de son réseau physique. Une mutation brutale qui interroge autant les salariés que les observateurs du secteur.
Façades violettes, vastes magasins en périphérie… 4Murs fait partie du paysage depuis plus de cinquante ans. Mais l’heure est au repli.
Un plan de sauvegarde de l’emploi, actuellement à l’étude, pourrait conduire à la fermeture de près de 80 magasins sur les 90 encore existants, une hémorragie sans équivalent récent dans l’univers de la décoration.
L’entreprise, fondée en 1969, reconnaît ne pouvoir « confirmer ni détailler les scénarios », mais l’inquiétude grandit chez les salariés, aussi bien dans le Grand Est que dans le Sud ou la région parisienne.
Si ce plan se confirme début 2026, il s’agirait de l’un des plus importants plans sociaux du secteur de la maison depuis de nombreuses années.
Un modèle physique devenu trop fragile
Pour Christophe Ranchoup, directeur général, le constat est clair : « le magasin physique marque le pas ».
La concurrence du low cost, l’essor des géants du discount et la transformation profonde des habitudes d’achat fragilisent un modèle déjà sous tension.
Les clients se tournent vers le numérique, les zones commerciales se vident, et la rentabilité des boutiques décroche.
Le dirigeant prévient : « Ce n’est pas conjoncturel, c’est une lame de fond. »
Face à cette réalité, 4Murs n’a plus le choix : elle doit accélérer son repositionnement digital, amorcé dès 2015 avec des concept stores, une nouvelle identité graphique et, en 2022, l’ouverture d’un flagship à Metz.
Vers un virage digital assumé

L’enseigne souhaite désormais basculer vers un modèle presque entièrement en ligne, avec un « pivot digital très important ».
Ce changement s’inscrit dans une stratégie plus large de modernisation :
diversification des gammes,
image plus contemporaine,
PUBLICITÉ:nouvelles expériences d’achat.
Mais la question persiste : un acteur né dans le commerce physique peut-il réussir sa mutation sans renier son ADN ?
Le pari est risqué, mais 4Murs semble prête à l’assumer.
Une onde de choc sociale dans un secteur déjà fragilisé
Avec près de 500 salariés, l’entreprise se montre très réservée sur l’ampleur du plan social. Les discussions avec les représentants du personnel se poursuivent, et les premières décisions tomberont en 2026.
La direction reconnaît cependant que « les conséquences humaines seront importantes ».
Cette crise intervient dans un secteur de la décoration déjà malmené : liquidation de Casa France, redressement judiciaire d’Alinéa, ralentissement de Maisons du Monde…
La baisse du pouvoir d’achat pèse lourdement sur des enseignes autrefois florissantes.










